- mule
- mule 1.(mu-l') s. f.1° Sorte de pantoufle pour les hommes, et de chaussure sans quartier pour les femmes.• Ses mules d'un côté, de l'autre son toquet, RÉGNIER Sat. XI.• Elle avait perdu une de ses mules de chambre, SÉV. 20.• Elle paraît.... en simple déshabillé sans corps et avec des mules, LA BRUY. III.• Hélas ! lui criaient-ils [les pauvres à Mme de Cagnon, protestante condamnée à mort pour religion], nous ne recevrons plus d'aumônes de vous. - Eh bien, dit-elle, vous en recevrez encore, et elle leur jeta ses mules de velours que ses bourreaux lui avaient laissées, VOLT. Philos. Cons. rais. à Bergier, ch. 23.2° Espèce de chaussure de dessus que l'on mettait pour se garantir de la crotte. C'est à peu près ce que l'on appelle aujourd'hui galoche.3° Il ne se dit plus guère que de la pantoufle du pape, sur laquelle il y a une croix. Baiser la mule du pape.• Parlons du pape ; en voilà donc un ; si j'avais été à Paris, j'aurais été lui baiser la mule dans la chambre de l'abbé Bigorre : il y est peint en perfection, SÉV. 591.En province, il se dit encore pour pantoufle. Cherchez-moi mes mules.Wallon, mole ; espagn. mulillu ; ital. mula ; anc. flam. muyle ; du lat. mulleus calceus, ou, simplement, mulleus, sorte de brodequins, ainsi dits, à cause de leur couleur, de mullus, rouget, poisson qui est rouge. D'après Festus, d'autres pensaient que mulleus venait de mullare, coudre ; mais la forme adjective de mulleus indique bien plutôt mullus.————————mule 2.(mu-l') s. f.Produit femelle de l'accouplement de l'âne et de la jument, ou du cheval et de l'ânesse.• Il est plus difficile à ferrer qu'une mule, TH. CORN. D. Bertr. de Cigarral, I, 2.• La mule produit quelquefois, surtout dans les pays chauds, BUFF. Quadrup. t. XII, p. 202.Il n'a ni cheval ni mule, se dit d'un homme qui n'a pas d'équipage.Il est quinteux comme la mule du pape, qui ne boit et ne mange qu'à ses heures.Être fantasque, être têtu comme une mule, avoir des caprices, de l'obstination.• Cette personne est opiniâtre comme une mule sur certaines petites choses, quoiqu'elle se laisse aller à tout vent sur d'autres, VOLT. Lett. d'Argental, 4 janv. 1773.Fig. Ferrer la mule, voy. ferrer.PROVERBE À vieille mule, frein doré, se dit d'une vieille femme qui aime à se parer, ou de tout ce qu'on pare afin de le mieux vendre.XIe s.• Diz blanches mules fist amener Marsile, Ch. de Rol. VII.XIIe s.• Prenez ma gent od vus, si faites Salomun mun fiz munter sur ma mule, et sil menez en Gyon, Rois, p. 224.XIIIe s.• Il fu très bien montés sur une mule noire, Berte, LXVI.XVIe s.• De bonne mule, mauvaise beste, O. DE SERRES 312.• Petit mulet et grande mule, O. DE SERRES 313.• Je ne boy que à mes heures, comme la mule du pape, RAB. Garg. I, 5.• À vieille mule frein doré ; Riche habit fait fol honorer, LEROUX DE LINCY Prov. t. I, p. 187.• Elle ne faisoit grand cas du dit prince, et plusieurs fois luy a fait tenir la mule, cela s'entend qu'il entroit ordinairement dans la chambre de la reyne, et le dit prince demeuroit en l'antichambre, et non sans estre brocardé d'elle, comme elle sçait bien faire, BRANT. Cap. franç. t. III, p. 49, dans LACURNE.• Brider la mule aux despens d'autruy, COTGRAVE .• Qui ne s'adventure, n'a cheval ni mule, a dit Salomon ; Qui trop s'adventure perd cheval et mule, respondit Malcon, RAB. I, 33.Provenç. espagn. et ital. mula ; du lat. mula.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.