- forfait
- forfait, aite 1.(for-fè, for-fè-t') part. passé de forfaire.Perdu pour cause de grand crime. Son fief forfait pour cause de félonie.————————forfait 2.(for-fè ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des for-fè-z odieux ; forfaits rime avec succès, paix, sujets, etc.) s. m.Crime énorme commis avec audace.• Il fut touché de l'énormité de leurs forfaits, VAUGELAS Q. C. x, 1, dans RICHELET.• C'est à moi seul aussi de punir son forfait, CORN. Hor. IV, 2.• Je m'impute à forfait tout ce que j'imagine, CORN. Rodog. v, 4.• De quelque grand forfait qu'on me puisse reprendre, Je n'ai garde d'avoir l'orgueil de m'en défendre, MOL. Tart. III, 6.• Ô toi [ô nuit], de mon repos compagne aimable et sombre, à de si noirs forfaits prêteras-tu ton ombre ?, BOILEAU Lutrin, II.• Il est donc des forfaits Que le courroux des dieux ne pardonne jamais !, VOLT. Sémir. V, 8.• Aux malheureux toujours on trouve des forfaits, Et les plus généreux vendent cher leurs bienfaits, GILB. le Poëte malheureux..• Quoi donc ! un écrivain veut que son nom partage Le tribut de louange offert à son ouvrage, Et m'impute à forfait, s'il blesse la raison, De la venger d'un vers égayé de son nom, GILB. Apologie.CRIME, FORFAIT. Crime est le terme général ; le forfait est un grand crime ; à quoi il faut ajouter que forfait indique d'ordinaire un crime commis par quelque personnage d'une grande position, d'une grande puissance.XIe s.• De quel forfait que home out fait en cel tens, Lois de Guill. 1.XIIe s.• Par quel forfait et par quel mesprison M'avez, amors, de vous si esloigné ?, Couci, VII.• Et Cologne destruite, dont grans est li forfais, Sax. XV.• E fud lur pechied mult forment granz, kar par leur furfait li poples del servise Deu se retraist, Rois, p. 8.• Jà ne l'arons si acrochie [une âme], Ne prise à si present forfait [en si flagrant délit]...., BENOÎT Chr. de Norm. III, 516.XIIIe s.• Fourfait ne enfrainture qu'on fasse au moustier St Pierre, DU CANGE atrium..XVe s.• Là entre deux furent traitées les delivrances du comte de Kenfort et de ses compagnons, etc.... parmi tout encore que [moyennant que] toute la terre de Pierregord demeureroit trois ans en paix, mais bien se pouvoient armer les chevaliers et escuyers de cette terre sans forfait ; mais on ne pouvoit prendre ni ardoir, ni piller nulle chose en ladite comté, FROISS. I, I, 226.XVIe s.• [Seigneur] Pardonnez-moi mon forfait, Car c'est un forfait extresme, MAROT IV, 267.• Pour le chastiement d'un forfaict si detestable, MONT. III, 247.Provenç. forfach, forfait ; anc. ital. forfatto ; du bas-latin forisfactum (voy. forfaire).————————forfait 3.(for-fè ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des for-fè-z onéreux) s. m.Marché par lequel on s'engage à faire ou à fournir une chose pour un prix déterminé, à perte ou à gain. Traiter, prendre à forfait. Faire un forfait avec un architecte pour la construction d'une maison. Marché à forfait.Forfait de communauté, clause par laquelle les époux conviennent dans leur contrat de mariage que l'un d'eux ou ses héritiers ne pourront prendre dans la communauté, quelle qu'en soit la valeur, qu'une certaine somme déterminée.Vendre, acheter à forfait, vendre, acheter en bloc et sans estimation préalable.Fig.• À forfait, s'est dit pour complétement .... On l'a fait enlever à forfait ; Il n'en reste, monsieur, aucun morceau sur terre, Et l'endroit est tout prêt pour y faire un parterre, DANCOURT Mme Artus, I, 5.• Conquêtes [des Français] qu'on ne pouvait se proposer de conserver que pour anéantir à forfait la marine d'Espagne en brûlant ses vaisseaux dans ses ports et ses chantiers, SAINT-SIMON 505, 147.XVIe s.• Sera mis en chacun d'icelles [villes] le nombre de six changeurs, chargez chacun d'iceux pour le fayfort de trois marcs d'or et vingt marcs d'argent, Édit, mai 1580.Fort-fait, qui a été fait fort de.... ; se faire fort de.... s'engager à.... (voy. FORT et FAIRE).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE3. FORFAIT. Ajoutez :2° Terme de turf. Indemnité que paye le propriétaire qui, ayant engagé un cheval, déclare avant la course ne pas vouloir ou ne pas pouvoir faire courir.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.