- courroie
- (kou-roî) s. f.1° Lanière de cuir. Attacher avec des courroies. Nouer, serrer, lâcher la courroie.Fig. Allonger, étendre la courroie, user avec économie des ressources dont on dispose ; et aussi, étendre les profits d'un emploi au delà de ce qui est permis.Serrer la courroie à quelqu'un, restreindre les ressources qu'on lui procure.Lâcher la courroie, laisser faire, donner des facilités.• Il [le régent] se garderait bien de lâcher à l'empereur la courroie assez longue pour que sa puissance pût s'augmenter, SAINT-SIMON 521, 172.Faire du cuir d'autrui large courroie, ne pas ménager la bourse d'autrui.2° Bandes de cuir qu'on emploie quelquefois pour communiquer les mouvements.Courroies de guindage, liens de cuir qui servent au carrosse.Ancien proverbe. Mieux vaut ami en voie que denier en courroie [la courroie était la ceinture, la bourse], c'est-à-dire, en voyage, il vaut mieux trouver un ami que d'avoir de l'argent en sa bourse.XIe s.• Les mains [ils] lui lient à curreies de cerf, Chr. de Rol. CCLXXII.XIIe s.• [Ils] portent bones coreges por les mieux esfreer, Ronc. p. 201.• Mainte en i a ceinte d'une corroie, Qui leur ami ne font fors de guiller [tromper], QUESNES Romancero, p. 87.• Dunc veneit à Robert, e sil feseit lever, Baillout lui les curgies à lui discipliner, Th. le mart. 103.• S'il eüssent sun cors tut nu à nu cergié [cherché, examiné] Des curgies l'eüssent trové tut despecié, ib. 156.• Elle tenoit une corgie Dont la mule [elle] feroit [frappait] grans cous, la Charrette, 2784.XIIIe s.• Nus ne puet estre baudroier à Paris, ce est à savoir conreeur de quir por fere courroies à ceindre et por fere semeles à souliers, se il n'achate le mestier du Roy, Liv. des mét. 224.• En ton lardier le saleras Et de la pel fere porras Coroies à copler flaiaus, Ren. 16027.• Adès vaut miex amis en voie Que ne font deniers en corioies [bourse], la Rose, 4964.• Devant la table le roy, endroit le comte de Dreuez, mangoit monseigneur le roy de Navarre en cote et en mantel de samit bien paré de courroie, de fermail et de chapel d'or, JOINV. 205.• Quant frere Remon oÿ ce, il se desirra [déchira] jusques à la courroie et prist à arracher sa barbe, et crier : ai mi, ai mi, JOINV. 283.XIVe s.• C'est à savoir que Venus la trisceresse née de Cypre avoit une diverse et variable corgiere ou courroie, ORESME Eth. 206.• Pour ce dist uns proverbes : miex vaut trouver en voie Un boin certain ami, que denier en coroie, Baud. de Seb. I, 1048.XVe s.• Cuident ilz [les menteurs] du monde tenir Tous les deux boutz de la courroye ? C'est folie, que vous diroye ?, CH. D'ORL. Ball. 101.• Et je les pren ; point ne m'ennuie : Si les pendray à ma couroie, la Pass. de N. S. J. C..• Ha Madame, dit madame à la royne, vous taillez larges courroies d'autruy cuir, Jéh. de Saintré, ch. 24.XVIe s.• Il lui donna un coup de pistolet dans la coroie de la salade, D'AUB. Hist. III, 56.• ....Où pendent sur le haut les courayes funestes (Je tremble en le disant) des homicides cestes Taillez de cuir de boeuf qu'on assomme à la mort, Pelu, non courroyé, large, puissant et fort, RONS. 849.• Il veut avoir les deux bouts de la courroie et le milieu, COTGRAVE .• Qui cuir voit tailler, courroye en demande, COTGRAVE .Berry, courraie ; bourguig. corroo ; wallon, coriète ; namurois, scoriète ; rouchi, ecoriète ; liégeois, corie, bande de cuir ; provenç. correya, coritja, correja, et aussi au masculin correg, correy, corretz ; catal. corretj, au masculin ; espagn. correa ; ital. correggia ; du latin corrigia, courroie, fouet, de corrigere, corriger. Quant à l'ancien mot corgie, qui a le même sens, il est difficile à expliquer, à cause du déplacement de l'accent, et peut être d'autre origine, à moins qu'on ne suppose que corrigia a donné par métathèse corgiia, d'où corgie.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.