- contraste
- (kon-tra-st') s. m.1° Opposition de deux choses, dont l'une sert à faire remarquer l'autre. Contraste d'ombre et de lumière. Le contraste d'une chose avec une autre. Sa vie offre de singuliers contrastes.• Le caractère des Chinois forme un autre mélange qui est en contraste avec le caractère des Espagnols, MONTESQ. Esp. XIX, 10.• Les différents contrastes qu'offre votre caractère de naturel sans simplicité, de réserve et d'imprudence, contrastes qui viennent en vous du combat de l'art et de la nature, D'ALEMB. Portrait de Mlle de l'Espinasse.• Peut-être sortira-t-il de ce contraste quelque lumière propre à rapprocher les opinions, RAYNAL Hist. phil. I, 20.• Le contraste choquant des lois avec les moeurs, LEMIERRE Barnevelt, I, 5.• Par un contraste horrible entre tous les mortels, ROTR. Phoc. IV, 1.2° Terme de peinture. Variété qui doit être dans les actions, les attitudes et les coloris des figures, d'où résulte plus de force, plus d'agrément et plus de jour. Ce peintre entend bien le contraste.• Bien des peintres sont tombés dans le défaut de mettre des contrastes partout et sans ménagement, de sorte que, lorsqu'on voit une figure, on devine d'abord la disposition de celles d'à côté, MONTESQ. Goût, contraste..L'art des contrastes, l'art d'imaginer, d'établir des oppositions qui produisent de l'effet.3° Terme de littérature. Opposition entre des situations, des discours ou portions de discours.• J'aurais aimé à voir le contraste de la tyrannie insolente et du noble orgueil de l'indigence vertueuse, VOLT. Lett. Chabanon, 13 janv. 1766.• Les contradictions ne sont pas des contrastes, DELILLE Jardins, I.• L'âme aime la symétrie, mais elle aime aussi les contrastes, MONTESQ. Goût, contraste..• Tous les contrastes nous frappent, parce que les choses en opposition se relèvent toutes les deux, MONTESQ. ib..• Les contrastes sont causes de défauts aussi bien que de beautés, MONTESQ. ib..Se dit, dans ce même sens, des oppositions que le musicien établit pour produire de l'effet.4° Terme de physique. Contraste des couleurs, nom de différents états simultanés ou successifs de la rétine produisant les sensations spéciales correspondantes.Contraste simultané, celui dans lequel l'oeil voit en même temps deux couleurs contiguës, cas où il les voit le plus dissemblables possible.Contraste successif, celui dans lequel les yeux, ayant regardé pendant un certain temps un ou plusieurs objets colorés, aperçoivent, après avoir cessé de les regarder, des images de ces objets offrant la couleur complémentaire de celle qui est propre à chacun d'eux.Contraste de ton, la modification qui porte sur l'intensité de la couleur, et contraste de couleur, celle qui porte sur la composition optique ou physique de chaque couleur juxtaposée ; c'est-à-dire que, deux couleurs étant juxtaposées, l'oeil qui les voit simultanément, voit la foncée plus foncée et la claire plus claire, ce qui est le contraste de ton, et voit tirant sur le violet le rouge qui est à côté du jaune, ce qui est le contraste de couleur.XVIe s.• Cecy ne s'en va pas sans contraste, car plusieurs tiennent que...., MONT. II, 26.• Un soir ils espierent de plus près pour un grand contraste [discussion] entre le maistre d'hostel et l'escuyer au chevet du seigneur, D'AUB. Faen. III, 19.• Il y eut un grand contraste à deviner par où il falloit entamer une besogne si nouvelle, D'AUB. Hist. I, 133.• Ceux de dedans, descouverts jusques à l'escarpin, le deffendent [l'assaut] avec tel contraste, qu'il ne demeura aux assiegeans que la pointe, D'AUB. ib. III, 30.• Il fust receu fort honorablement, sans aucun contraste, ny apparence de reffus, CARL. IV, 9.• Notre volonté s'esguise par le contraste [lutte], se despite contre le desny, CHARRON Sagesse, I, 18.Provenç. contrast ; espagn. contraste ; ital. contrasto (voy. contraster). Contraste au XVIe siècle signifie lutte, débat, combat.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.