- chaleur
- (cha-leur) s. f.1° Qualité de ce qui est chaud ; sensation produite par un corps chaud. Vive, forte, douce chaleur. La chaleur du feu, du soleil, du corps.• Il tombe sur son lit sans chaleur et sans vie, RAC. Brit. V, 5.• Et que tes vains secours cessent de rappeler Un reste de chaleur tout prêt à s'exhaler, RAC. Phèd. I, 3.Chaleur animale, la température propre à chaque espèce d'animal.2° La température produite par l'action du soleil. Chaleur dévorante, étouffante, tropicale. Durant les grandes chaleurs.• Nous avons eu des chaleurs excessives, SÉV. 289.• Il leur dispense avec mesure Et la chaleur des jours et la fraîcheur des nuits, RAC. Ath. I, 4.• Il sommeille accablé par la chaleur du jour, C. DELAVIGNE Vêpr. sicil. IV, 3.• Je me sens ranimé par de douces chaleurs ; J'y foule les gazons, j'y marche sur les fleurs, ST-LAMBERT Saisons, hiver..3° Sentiment pénible de chaleur qui accompagne certains états de malaise, de maladie. La chaleur de la fièvre. Une chaleur d'entrailles, de tête. Il lui monte des chaleurs suffocantes.• Des chaleurs l'empêchaient de pouvoir sommeiller, MOL. Tart. I, 5.Fig. et familièrement, chaleur de foie ou de sang, mouvement de colère prompt et passager.• Vous avez raison en tout ce que vous dites ; mais ce sont chaleurs de sang dont parfois on n'est pas le maître, MOL. Am. méd. III, 1.4° Fig. Ardeur, feu, zèle, véhémence. La chaleur de l'âge. La chaleur des passions. Dans la chaleur de la guerre. Toute la chaleur du débat se réunit sur un seul point. On débattit avec chaleur dans le sénat si.... Ils prennent la chose avec trop de chaleur.• Quel est celui qui, dans la chaleur de la victoire, considère le nombre des ennemis ?, VAUGEL. Q. C. liv. III, ch. 11, dans RICHELET.• Et si cette chaleur n'est bientôt apaisée, Jamais sédition ne fut plus disposée...., ROTROU Vencesl. V, 8.• Il donne chaleur à la besogne par sa présence ; il anime les ouvriers par sa mine, par sa voix, BALZ. le Prince, 16.• Je ne veux point douter que sa vertu romaine N'embrasse avec chaleur l'intérêt de la reine, CORN. Nicom. I, 1.• Seigneur, vous pardonnez aux chaleurs de son âge, CORN. ib. II, 3.• Et dans ce même jour, Rome en votre présence Avec chaleur pour lui presse mon alliance, CORN. ib. III, 4.• Pardonnez à ce peuple un peu trop de chaleur Qu'à sa compassion a donné mon malheur, CORN. ib. V, 10.• C'est d'un nouveau chrétien la première chaleur, CORN. Poly. III, 3.• Sire, dans la chaleur d'un premier mouvement Un coeur si généreux se rend malaisément, CORN. Cid, II, 7.• Madame, croyez-moi, vous serez excusable D'avoir moins de chaleur contre un objet aimable, CORN. ib. III, 3.• La reine avec chaleur saurait vous y servir, CORN. Sert. IV, 3.• Déjà les deux armées D'une égale chaleur au combat animées, CORN. Hor. I, 4.• Vous pardonnerez donc ces chaleurs indiscrètes, CORN. Rod. IV, 6.• La chaleur qu'ils ont pour les intérêts du ciel, MOL. Tart. Préf..• Et que par la chaleur de montrer ses ouvrages On s'expose à jouer de mauvais personnages, MOL. Mis. I, 2.• J'ai un degré de chaleur moins que vous pour la belle-soeur, SÉV. 392.• J'ai peut-être avec trop de chaleur Rabaissé ses présents ou blâmé sa douleur, RAC. Bér. II, 5.• D'un coupable transport écoutant la chaleur, RAC. Iphig. V, 2.• N'aurai-je vu briller cette noble chaleur, RAC. ib. I, 2.• Du zèle qui pour toi l'enflamme et le dévore La chaleur se répand du couchant à l'aurore, RAC. Esth. Prol..• Et, de moi-même Aristarque incommode, à vous poursuivre épuiser mes chaleurs, J. J. ROUSS. Ép. aux Muses, I, 1.Chaleur du style, qualité d'un style passionné, et qui fait partager à l'auditeur la passion de l'orateur.Concupiscence.• Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte ; Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte, MOL. Tart. III, 2.5° Désir des femelles de certains animaux pour le mâle. Être en chaleur. Temps de la chaleur des truies Devenir en chaleur.6° Terme de vétérinaire. Un des noms de la maladie du sang chez les bêtes laine.PROVERBE Couvrez-vous, la chaleur vous est bonne, se dit à ceux qui, par incivilité, mettent leur chapeau à contre-temps.XIIe s.• En dreit midi esteit, si faseit grant chalor, Rou, 4627.• Pour la calor qui l'aloit aprochant, Roncisv. 152.XIIIe s.• Li jors fu biaus et clairs, et la caure est levée, Ch. d'Ant. I, 316.• Caure en froidure, MÄTZNER p 66.• La caurre du jour, PH. MOUSKES Chron. 10195.• Tantost li assoaja la maladie, et la chalor [fièvre] le laissa, Hist. occid. des croisades, t. II, p. 180.• Et se ce n'estoit, nulz biens ne venroient ou païs pour la grand chaleur du solleil qui ardroit tout, JOINV. 220.XIVe s.• Si comme la vertu du feu c'est chaleur par quoy il est bon en sa nature ou espece et par quoy il fait bien son operacion naturel, ORESME Eth. 43.XVIe s.• [Un vieux cheval qui voyant une jument] revient à ses importuns hennissements et à ses chaleurs furieuses, MONT. III, 3.Picard, caleur ; provenç. et espagn. calor ; ital. calore ; du latin calorem. La forme caure est digne de remarque : elle provient du nominatif latin cálor avec l'accent sur ca, tandis que chaleur provient du régime calórem avec l'accent sur lo. C'est peut-être le seul exemple, dans les noms en or tels que calor, où les deux cas du latin soient restés dans le vieux français.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECHALEUR. Ajoutez :7° À la chaleur des enchères et à l'extinction des feux, même sens que à l'extinction des feux (voy. extinction).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.