- affiler
- (a-fi-lé) v. a.1° Donner le fil à un tranchant. Affiler un couteau, un canif.• Le glaive qui a tranché les jours de la reine est encore levé sur nos têtes : nos péchés en ont affilé le tranchant fatal, BOSSUET Marie-Thérèse..2° Fig.• C'est là qu'on dévoile tous les événements de la chronique scandaleuse, c'est là qu'on affile avec soin le poignard, J. J. ROUSS. Hél. II, 17.• Nous les laissons affiler les armes dont elles nous subjuguent, J. J. ROUSS. Ém. IV.• Je ne crois pas qu'il soit plus conforme aux convenances de la politique qu'aux principes de la morale d'affiler le poignard dont on ne saurait blesser ses rivaux, sans en ressentir bientôt sur son propre sein les atteintes, MIRAB. Collect. t. III, p. 378.3° Par une autre figure.• Les uns affilent leurs langues de serpent, FLÉCH. Serm. I, 331.4° Planter des arbres à la file les uns des autres.5° Mettre un lingot d'or ou d'argent dans la filière.XIe s.• Sur l'herbe verte li clairs sangs s'en afile [coule en filets], Ch. de Rol. CXXIV.XIIIe s.• S'a dedenz un rasoir trové Qui moult estoit bien afilé, Ren. 3264.• Vers lui [elle] a sa corne tournée, Plus tranchant et plus afilée Qu'onques nus homs ne vit rasoir, Unicorne et Serpent.• Se ele [l'épée] fust droit afilée, De Jehan fust chose finée [Jehan eût été tué], Bl. et Jeh. 4154.• À lor cotiaus qu'il ont trenchans et afilés, Escorchoient les Turs, aval parmi les prés, Ch. d'Ant. V, 30.XIVe s.• S'il a homme ceans dont je soie adesez, De ce coustel sara s'il est bien afilez !, Guesclin. 6856.XVe s.• Un large fer de Bordeaux aussi tranchant et affilé que nul rasoir pourroit estre...., FROISS. II, II, 5.XVIe s.• En le frayant contre sa gorge, il se coupe le gosier de ce tranchet, qui estoit si bien effilé, DESPER. Contes, XXI.• Langue je n'ay diserte et affilée Pour haranguer devant une assemblée, AMYOT Comment il faut nourrir les enfants, 15.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.