- cadeau
- (ka-dô) s. m.1° Traits de plume dont les maîtres d'écriture ornaient leurs exemples.Grandes lettres placées en têtes des actes ou des chapitres dans les manuscrits en écriture cursive.2° Anciennement, fête que l'on donnait principalement à des femmes, partie de plaisir.• Elles y ont reçu des cadeaux merveilleux de musique et de danse, MOL. Am. magn. I, 1.• Nous mènerions promener ces dames hors des portes, et leur donnerions un cadeau, MOL. Préc. ridic. sc. 10.• Je l'ai fait consentir au cadeau que vous voulez lui donner, MOL. B. gent. III, 6.• Des promenades du temps, Ou dîners qu'on donne aux champs, Il ne faut point qu'elle essaye : Selon les prudents cerveaux, Le mari dans ces cadeaux Est toujours celui qui paye, MOL. Éc. des f. III, 2.• J'aime le jeu, les visites, les assemblées, les cadeaux et les promenades, en un mot toutes les choses de plaisir, MOL. Mar. forcé, 4.• Dieu me garde de feu et d'eau, De mauvais vin dans un cadeau, D'avoir rencontres importunes, De liseur de vers sans répit, De maîtresse ayant trop d'esprit...., LA FONT. Lettres, XXI.3° Aujourd'hui, présent que l'on fait à quelqu'un. Les petits cadeaux entretiennent l'amitié. Il lui fit cadeau de livres. Un riche cadeau.• Quoi ! parce que des sots se piquent, quoique mal, Du pompeux appareil d'un cadeau nuptial, Il faut faire comme eux !, MONTFLEURY Femme juge, III, 2.XIIe s.• Il le me velt torner en lonc cadel, Plumer me velt li reis com fait oisel, Gérard de Ross. p. 326.XVIe s.• Combien que quelques uns ne sçachans discerner les anciens W en forme de cadeaux d'avec des BB, DES ACCORDS Contes de Gaulard, p. 23, verso, dans LACURNE.Catellus, petite chaîne, de catena, chaîne (voy. chaîne), à cause de la forme enchaînée des traits de plume. Ménage nous apprend que faire des cadeaux s'est dit pour faire des choses spécieuses, mais inutiles, comparées métaphoriquement à ces traits de main des maîtres d'écriture. De là on passe sans peine à cadeau dans le sens de divertissement, fête et, finalement, présent.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRECADEAU. Ajoutez : - REM. Au XVIIe siècle, cadeau était si loin d'avoir pris le sens de petit présent, que, dans une même phrase, Molière oppose l'un à l'autre : Les visites fréquentes ont commencé ; les déclarations sont venues ensuite, qui, après elles, ont traîné les sérénades et les cadeaux, que les présents ont suivis, Bourg. gent. III, 18.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.