- adultère
- (a-dul-tê-r')1° S. m. et f. Celui ou celle qui viole la foi conjugale. Les fornicateurs et les adultères.• Faut-il que sur le front d'un profane adultère Brille de la vertu le sacré caractère ?, HAC. Phèdre, IV, 2.2° Adj. Quiviole la foi conjugale. Époux adultère. Tableaux ou estampes qui représentent la femme adultère de l'Évangile.• Flamme adultère, RAC. Phèdre, III, 3.3° Par extension, ce qui offre un mélange vicieux, coupable.• Pour rendre à d'autres dieux un honneur adultère, RAC. Esth. I, 1.4° Fig.• Votre lumière ne luit pas sur les âmes adultères et corrompues, MASS. Prod..On donnait autrefois un complément à adultère.• Par le moyen de Mucilia, dont il [Séjan] était l'adultère, PERROT D'ABLANCOURT Tac. 200.On dirait aujourd'hui l'amant ou la maîtresse.XIIIe s.• Et un autre homme elle a choisi, En guise d'avoutre ou d'ami, JUBINAL Contes, t. II, p. 37.Adultère est une formation récente faite sur le modèle d'adulterium, et comme s'il y avait un mot latin adulterius. La forme ancienne est avoutre ou aoutre ; provenç. adultre, avoutre, avoutro. En effet, le latin adulter ayant l'accent sur du, le mot français dut l'avoir sur la même syllabe : ce qui est dans avoutre, dans le provençal, dans l'italien et l'espagnol adultero.• On trouve dans un texte du XIe siècle : Ben li leist [est permis] ocire la avultere [la femme adultère], L. de Guill. 37.Il faudrait donc admettre un bas-latin adulterius ayant l'accent par conséquent sur te. Mais le texte des Lois de Guillaume a été écrit en Angleterre, et il est défectueux ; on peut croire qu'il faut y lire la avultre.————————(a-dul-tê-r') s. m.Violement de la foi conjugale. Commettre un adultère. Né d'un adultère. Fruit d'un adultère.• Ici dispensez-moi du récit des blasphèmes Qu'ils ont vomis tous deux contre Jupiter mêmes ; L'adultère et l'inceste en étaient les plus doux, CORN. Poly. III, 2.• Et par où votre amour se peut-il couronner, Si pour moi votre hymen n'est qu'un lâche adultère ?, CORN. Théod. III, 30.Adultère simple, terme d'ancienne législation, celui qui est commis par une personne mariée avec une personne non mariée.Adultère double, celui que commettent ensemble un homme marié et une femme mariée.XIe s.• Si le pere truvet sa file en avulterie en sa maisoun...., L. de Guill. 37.XIIe s.• Tu ne feras mie avoltierge ; mais je vous di : s'alcuns voit une femme pour li aconvoitier, cil at jà fait avoltierge en son cuer, Job, 449.XIIIe s.• Tant comme il furent ensanle, il furent en avoltire, BEAUMANOIR XVIII, 7.• Si que Vulcanus li felons, Ardans de jalousie et d'ire, Jà ne provast lor avoltire...., la Rose, 18280.• Jà n'oïstes vous onque dire Que j'aie fait nul avoutire, Se li fol qui le vous conterent Par mauvestié nel controverent, ib. 16708.XIVe s.• Et en operacions, adultere, larrecin, homicide, ces choses jà et toutes telles sont malvaises selon elles meismes, ORESME Eth. 46.• Et que elle seroit morte en si vil adultere, BERCHEURE f. 26, verso..XVe s.• Il est escript en nostre loy, Que, fame prise en advoultire, Son corps est livré à martire, la Nativité, Mystère.Provenç. adulteri ; espagn. et ital. adulterio ; de adulterium, de ad, à, et ulter pour alter, autre (voy. autre). L'ancien français, avoltierge, avoutire, le français moderne, adultère, sont régulièrement formés du latin avec l'accent sur la syllabe qui correspond à te accentué en latin. La forme avulterie n'y déroge qu'en apparence ; c'est une différence d'orthographe pour avultiere, comme apostolie pour apostoile.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.