- burlesque
- (bur-lè-sk') adj.1° Terme de littérature. Qui provoque le rire par le contraste entre la bassesse du style et la dignité des personnages.• Mon écuyer a l'accent un peu burlesque pour un récit héroïque, HAMILT. Gramm. 3.2° Par extension, qui provoque le rire par une sorte de charge, de caricature.• D'un seul nom quelquefois le son dur ou bizarre Rend un poëme entier ou burlesque ou barbare, BOILEAU Art p. III.• Il me paraîtrait tout à fait burlesque que les Indiens de ce pays-là se missent à l'eau comme les nôtres, FONTEN. Les mondes, 2e soir..3° S. m. Le genre burlesque. Au mépris du bon sens, le burlesque effronté Trompa les yeux d'abord, plut par sa nouveauté.... Mais de ce style enfin la cour désabusée Dédaigna de ces vers l'extravagance aisée, Distingua le naïf du plat et du bouffon, Et laissa la province admirer le Typhon.• Que ce style jamais ne souille votre ouvrage ; Imitons de Marot l'élégant badinage, Et laissons le burlesque aux plaisants du pont Neuf, BOILEAU Art p. I.BURLESQUE, HÉROÏ-COMIQUE, PARODIE, BOUFFON. Le burlesque s'attaque à de hauts personnages qu'il fait agir ou plutôt parler bassement, comme Scarron dans son Virgile travesti. Le poëme héroï-comique prête le langage et les allures du héros à des gens de condition inférieure, et cherche un contraste plaisant entre la grandeur du style et la petitesse des actes : le Lutrin en est un exemple. La parodie diffère du burlesque, quand elle est complète, en ce qu'elle change la condition des personnages dans les oeuvres qu'elle travestit ; et c'est ce que ne fait pas le burlesque, qui trouve une nouvelle source de comique dans la perpétuelle antithèse entre le rang et les paroles des acteurs. Le bouffon est d'une signification plus générale ; il s'applique à toute oeuvre plaisante, populaire et sans gêne, en dehors du travestissement des caractères. Le burlesque, la parodie, le poëme héroï-comique sont des espèces du genre bouffon.XVIe s.• Trois filles de la reine mere, qui faisoient bien à elles trois cent quarante ans, voulant me turlupiner comme un nouveau debarqué, et une d'elles m'ayant demandé effrontément et d'un ton moqueur : que contemplez-vous là, monsieur ? - Les antiquités de la cour, mesdames, respondis je sur le mesme ton.... Ce burlesque mot...., D'AUB. Vie, p. 42.• Beaucoup de gens disoient que la harangue du sieur d'Aubray estoit trop longue et serieuse au prix des precedentes qui sont toutes courtes et burlesques, Sat. Mén. p. 334, édit. de 1677.Ital. burlesco, de burlare, plaisanter.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREBURLESQUE. Ajoutez : - REM. Bouhours, Doutes sur la langue française, p. 51, dit : " Burlesque, dont M. Sarasin se vantait d'avoir usé le premier. " Sarasin se trompait, mais peut-être avait-il raison pour la vogue assurée au mot burlesque dans la première moitié du XVIIe siècle.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.