- brèche
- (brè-ch') s. f.1° Ouverture faite à un mur, à une haie. Il faut réparer les brèches de cette clôture.2° Terme de guerre. Ouverture faite aux remparts d'une place assiégée.• Les Normands firent brèche et donnèrent trois assauts, VOLT. Moeurs, 25.• Essex monte à la brèche où combattait d'Aumale, VOLT. Henr. VI.• Voici déjà la seconde fois qu'il est sorti de Paris par une brèche, BALZ. Liv. III, Lett. 7.• Restait cette redoutable infanterie de l'armée espagnole dont les gros bataillons, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au milieu de tout le reste en déroute, BOSSUET Louis de Bourbon..Battre en brèche, tirer avec de l'artillerie contre une muraille.Fig. Battre en brèche un argument, l'attaquer, le ruiner. Battre en brèche quelqu'un, attaquer sa réputation, sa position.Par extension.• La légion chrétienne ouvre une large brèche dans les rangs des barbares, CHATEAUB. Mart. 207....Fig.• Flèche Assez forte pour faire en mon coeur une brèche, RÉGNIER Dial..• Dans ces omissions et dans ces oublis il se fait une brèche au discours, et la pensée s'enfuit par cette ouverture qu'il fallait fermer, BALZ. Entretien 29.3° Cassure au tranchant d'une lame. Faire une brèche, des brèches à un couteau.Familièrement. Faire une brèche à un pâté, l'entamer.4° Fig. Perte, dommage, tort. Il a fait une brèche à sa fortune. Cela ne fera pas brèche au capital.• Mais aussi gardez-vous d'oublier votre faute ; Et comme elle fait brèche au pouvoir souverain...., CORN. Nicom. II, 2.• Si nous perdons Philisbourg, il sera difficile de réparer cette brèche, SÉV. 266.• Réparant les brèches que le temps avait faites à leur discipline, FLÉCH. Lam..• C'est déjà faire une brèche considérable au système ordinaire, FONTEN. Oracles, Préf..5° Le sommet d'une montagne, lorsqu'il est ouvert et comme séparé en deux parties.Brèche de Roland, ouverture dans une muraille de montagnes, aux Pyrénées, qui ressemble à une brèche, et que la légende attribue à un coup d'épée de Roland.6° Terme de géologie. Marbre noir, mêlé de taches blanches et jaunes, qu'on tire des Pyrénées et d'autres lieux et qui prend un fort beau poli : ainsi dit parce que la brèche d'où on le tire a donné son nom au marbre qu'on en tire.Réunion de pierres agglutinées dans un ciment naturel ; quand ces fragments sont ronds, comme des cailloux roulés par les eaux, on en appelle la réunion des pouddings ; si, au contraire, ils sont les débris anguleux de pierres plus grandes, on les nomme brocatelles.Brèche osseuse, brèche où il y a des ossements.• Les fentes des rochers de Gibraltar, de Cette, de Nice et d'autres lieux des bords de la Méditerranée, sont remplies d'un ciment rouge et dur qui enveloppe des fragments de rochers et des coquilles d'eau douce avec beaucoup d'os de quadrupèdes, la plupart fracturés : c'est ce qu'on a nommé des brèches osseuses, CUVIER Révolutions, p. 337.7° Terme de jeu de paume. Coup de brèche, coup qui fait entrer directement la balle dans le dedans, près des encoignures.XIVe s.• Ou regarde les bresches où les bestes puent [peuvent] mieulx passer, Modus, f° LX, verso.XVe s.• J'aime mieux n'estre point en taverne en defaut Que suivre un capitaine à la bresche, à l'assaut, BASSELIN XIX..XVIe s.• Le sort a de quoy ouvrir cent bresches à la pauvreté au travers de nos richesses, MONT. I, 314.• Je ne faisois bresche à cet bourse, MONT. I, 316.• La muraille estoit si mauvaise, que cela fit 120 pas de toutte breche, D'AUB. Hist. III, 43.• La place, qui ne valloit rien, fut attaquée à demie breche et sur un commencement de parlement, D'AUB. ib. III, 250.• Avant bresche raisonnable ils donnerent en vain un premier assaut, D'AUB. ib. III, 250.Picard, brèke ; provenç. bercar, ébrécher ; espagn. brecha ; ital. breccia ; angl. breach ; de l'anc. haut-allem. brecha, action de briser, patois breke, chose rompue ; suisse, breche, chute de pierrailles. Il y a aussi dans le kymri brêg, rupture. Le XVIe siècle avait brecher, faire brèche.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREBRÈCHE. Ajoutez :8° Nom donné par Engramelle à la noctuelle du bouillon-blanc, noctua verbasci.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.