- brusquer
- brusquer 1.(bru-ské) v. a.1° Avoir, à l'égard de quelqu'un, un langage brusque, un ton brusque.• Pour peu que j'eusse parlé, je n'aurais pu m'empêcher de le brusquer, MONTESQ. Lett. pers. 48.• Les ministres du roi (Sully entre les autres) ne furent point d'avis qu'on brusquât ce jeune imprudent, ANQUETIL Ligue, III, 170.• On ne saurait lui dire une parole qu'il n'éclate tout d'un coup et qu'il ne vous brusque sans modération et sans ménagement, BOURD. Pensées, t. II, p. 240.Absolument.• Il semble toujours commander et brusquer, DIDER. S. l. caract..2° Presser, hâter. C'était le moment de brusquer l'entreprise. Brusquer la victoire.Brusquer la fortune, chercher fortune et principalement la chercher par des moyens prompts et hasardeux.• En différents pays j'ai brusqué la fortune, Sans que l'on ait de moi reçu nouvelle aucune, REGNARD Ménechmes, I, 2.• Ce furent les Anglais et les Hollandais qui brusquèrent fortune, DES FONT. Mém. de Trév. 1724.Brusquer une affaire, la faire vite et avec peu d'examen.• J'avais un voyage en tête à brusquer dont je parlerai tout à l'heure, SAINT-SIMON 41, 222.Familièrement. Brusquer l'aventure, prendre brusquement son parti, au hasard de ce qui peut arriver.Terme de théâtre. Brusquer un dénoûment, l'amener sans préparation.Terme militaire. Brusquer une place de guerre, essayer de l'emporter par un coup de main.3° Surprendre en violentant.• Nous avons, pour ainsi dire, brusqué la nature en amenant dans nos climats des chevaux d'Afrique ou d'Asie, nous avons rendu méconnaissables les races primitives de France, BUFF. Cheval.Brusquer les dés, jeter les dés vivement et tout d'un coup.• Le joueur qui pouvait, par un art illicite, flatter ou brusquer les dés selon l'occasion, MONTESQ. Correspondance, 1.XVIe s.• Il se trouva 200 italiens etc. ....tuez, qui s'escartoient par les villaiges deça de-là, brusquant fortune et leurs commoditez, par trouppes, CARL. V, 6.Brusque ; Berry, bruquer, heurter, choquer. Dans l'historique, brusquer a le sens de chercher, proprement aller par les broussailles ; ce qui tend à confirmer l'étymologie latine indiquée pour l'italien brusco (voy. brusque). Bouhours remarque que l'emploi de brusquer dans le sens de rudoyer est récent, et que sans doute, du discours familier, il ne tardera pas à passer dans les livres ; cela est en effet arrivé.————————brusquer 2.(bru-ské) v. a.1° Terme de marine. Chauffer un navire pour le caréner.2° Terme de cuisine. Brusquer une volaille, la passer à la flamme après l'avoir plumée.On dit aujourd'hui plus souvent la flamber.Anc. catal. bruscar, passer à la flamme ; ital. bruscare, de brusco, brusc (voy. brusc), broussaille, à cause de la flambée que l'on fait avec les broussailles ; étymologie qui vient en confirmation de celle qui a été donnée pour brusque.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.