- braquer
- (bra-ké) v. a.1° Diriger un canon, une lunette du côté d'un objet.• Braque tes lunettes, vieux sire [Jupiter s'apprêtant à lancer son foudre], Sur le front couronné par nous.... De la candeur c'est le sourire, De la bonté c'est l'oeil si doux ; Jupin ne mettrait-il en poudre Qu'une couronne de bluets ?, BÉRANG. Bluets..2° Fig. Braquer ses regards sur quelqu'un, sur quelque chose, les tenir arrêtés sur quelqu'un, sur quelque chose.XVIe s.• Il braqua si à propos une couleuvrine, que...., MONT. I, 49.• La ville prise, ils braquent leurs pieces contre le chasteau, et tirerent plusieurs volées, CARL. I, 39.• .... Et que les canoniers ne se lassent de tirer incessamment, sans bracquer ny myrer, mais seulement à coups perdus et en ruyne, CARL. V, 25.• Et quand [Charles-Quint à Metz] environné de tant de gonfanons, Fit braquer tout d'un rang cent pieces de canons, RONS. Poëmes, liv. I.Génev. branquier ; bourguig. braiqué ; d'après Diez, de l'ancien scandinave brâka, qui signifie affaiblir, mettre dessous ; le sens laisse du doute sur cette étymologie, et on ne saisit pas bien l'enchaînement entre mettre dessous et diriger. Il y a dans l'anglais brake qui signifie la poignée d'une pompe ; le mot aurait-il passé de la marine dans le langage militaire ? enfin, comme le mot est récent, faudrait-il y voir un verbe formé de braque, avec la signification de chercher, pointer ?SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREBRAQUER (bra-ké), v. a. En Picardie, biner les pommes de terre (comp. BRACAGE, au Supplément).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.