- branle
- (bran-l') s. m.1° Mouvement d'un corps qui va tantôt d'un côté tantôt de l'autre. Le branle d'une cloche. Sonner en branle, donner aux cloches tout le va-et-vient qu'elles peuvent avoir. à l'église c'était grande cérémonie.• cierges allumés, faux-bourdon, procession, cloches en branle, P. L. COUR. I, 268.• [O mer !] je ferme au branle de ta lame Mes regards fatigués du jour, LAMART. Méd. II, 21.• Elles ont dû se mouvoir du même branle que la matière du ciel, DESC. Monde, 9.• Tout est dans un branle perpétuel et par conséquent tout change, FONT. Les mondes, 6e soir..• Ainsi de notre espoir la fortune se joue, Tout s'élève ou s'abaisse au branle de sa roue, CORN. Illus. comique, V, 5.• Qu'à son gré désormais la fortune me joue, On me verra dormir au branle de sa roue, BOILEAU Épît. V.Terme de physique. Espace parcouru par le régulateur d'une pendule dans une oscillation.2° Fig. Impulsion donnée à une chose.• Je demande quel moteur a donné ce premier branle à la machine de l'univers, FÉN. Exist. 81.• C'est la cause secrète qui donne le branle à tous ces mouvements qui cesseraient aussitôt qu'on aurait su le véritable état de vos disputes, PASC. Prov. 18.• Il faut avouer que l'ordre de notre naissance donne presque le premier branle à celui de nos destinées, MASS. Villars..• .... ce que je me propose Pourrait déjà donner un grand branle à la chose, BARON l'Andrienne, III, 9.• Ce sont eux qui donnent le branle à la réputation, MOL. les Préc. 10.• Luther donne le branle à ces mouvements, BOSSUET Var. 1.• La France commencait à donner le branle aux affaires de l'Europe, BOSSUET le Tell..• L'imprudence, la coutume, le respect humain, la cupidité, sont les grands ressorts qui donnent le premier branle aux diverses destinées des hommes, MASS. Carême, Vocation..• Si nous remontions jusqu'à celui de leurs ancêtres qui donna le premier branle à l'infortune de sa postérité...., MASS. Carême, Enfant prodigue..• Il donnait le branle et le mouvement à tout, MASS. Villeroy..• Claudius penchait tantôt d'un côté et tantôt d'un autre selon le branle qu'on lui donnait, PERROT D'ABL. Tacite, 339.• Mlle de Grignan donnera un branle à vos résolutions, SÉV. 441.Familièrement. Être en branle, se mettre en branle, être, se mettre en mouvement pour faire une chose. Mettre quelqu'un en branle, lui donner le branle, le mettre en train, en disposition d'agir.3° Espèce de danse. Le branle ou branle gai est le nom générique de toutes les danses où un ou deux danseurs conduisent tous les autres, qui répètent ce qu'ont fait les premiers. Le grand-père et le cotillon sont des branles. Il y a ou plutôt il y avait des branles sérieux ; ceux qu'on donnait aux bals de Louis XIV, et qui sont décrits dans le Maître à danser du sieur Rameau, étaient fort graves.Branle de sortie, retraite forcée et précipitée qu'on est obligé de faire en quittant un lieu ou une personne. Danser un branle de sortie.• Et que, quand on se frotte avec les courtisans, Les branles de sortie en sont fort déplaisants, RÉGNIER Sat. XI.Fig. Mener le branle, ouvrir le branle, commencer le branle, c'est-à-dire donner le premier exemple d'une chose, être le chef d'une association d'intérêt ou de plaisir.Être fou comme le branle gai, comme branle gai, être d'une gaieté excessive.L'air sur lequel on danse un branle.4° Lit des matelots, ainsi nommé à cause qu'il est suspendu. On dit aujourd'hui hamac.5° Terme de manége. Branle de galop, mouvement que fait le cheval pour prendre le galop, ou action qu'il conserve dans cette allure.6° Terme de fauconnerie. Vol de l'oiseau, lorsque, au-dessus de la tête du fauconnier, il tourne en battant des ailes et en remuant la queue.7° Mâchoire d'étau.XVe s.• ....Le pays d'Angleterre estoit en branle et en differend l'un contre l'autre, FROISS. II, II, 4.• Les gens de pied dudit duc ne fuyrent point, si en furent-ilz en quelque bransle, COMM. VI, 6.XVIe s.• Si vous avez prins garde au bransle des quatre saisons, MONT. I, 86.• Nous sentons nostre corps agité au branle de nos imaginations, MONT. I, 92.• Ceux qui donnent le bransle à un estat [qui le troublent], MONT. I, 121.• Iray je songer au bransle du monde [l'ordre, la construction] ?, MONT. I, 174.• Aymer mieulx tumber une fois, que de demeurer tousjours en branle, MONT. I, 251.• Il apprenoit à danser aux chambrieres de leans les branles de Gascogne, MARG. Nouv. XXVIII.• Il amena le premier à la cour les branles du haut Barrois, CARL. VI, 37.• Ils se mirent à chanter force branles de Poitou, YVER p. 573.• Le troisieme est une barre faite en pince par un bout et par l'autre en douille, pour loger un pau, avec lequel elle a plus de branle, D'AUB. Hist. II, 372.• Ce que vous ferez dans une heure donnera bon ou mauvais branle à tout le reste de votre vie, et vous fera roi ou rien, D'AUB. ib. III, 184.• Les prebstres de St Medard avoyent sonné leurs cloches à tout bransle, CONDÉ Mémoires, 612.Voy. branler ; bourguig. branne, sorte de danse.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.