- boyau
- (bo-iô ; quelques-uns disent boi-iô) s. m.1° La partie du canal digestif qui fait suite à l'estomac. Les aliments passent de l'estomac dans les boyaux. Les petits boyaux, l'intestin grêle ; les gros boyaux, le gros intestin.• Sa fièvre est augmentée avec une colique dans les boyaux, SÉV. 334.• .... Il se jette Sur l'arc qui se détend, et fait de la sagette Un nouveau mort : mon loup a les boyaux percés, LA FONT. Fab. VIII, 27.• Il faut que l'on l'ait faite [la corde] De vrai boyau, l'odeur me le témoigne assez, LA FONT. ib..Familièrement. Aimer quelqu'un comme ses petits boyaux, l'aimer beaucoup.Fig. Il a toujours six aunes de boyaux vides, c'est un homme toujours prêt à manger.Il a failli rendre tripes et boyaux, il a vomi avec abondance et beaucoup d'efforts.Descente de boyau, hernie. On dit aujourd'hui ou hernie ou, simplement, descente.Terme de charcuterie. Boyau gras, troisième intestin du porc.Terme de fauconnerie. Faire boyau, élargir le boyau de l'oiseau, l'engager à boire.Terme de manége. Ventre, flanc. Cheval étroit de boyau. Ce cheval n'a pas de boyau.2° Corde à boyau, corde de boyau, ou, simplement, boyau, corde faite des boyaux de certains animaux pour les instruments de musique à cordes.Il ne fait que racler le boyau, il joue mal de la basse, du violon.3° Terme de guerre. Ligne de contrevallation différente de la tranchée et qui, allant en serpentant pour éviter l'enfilade, sert à joindre d'autres ouvrages.Fig.• Dubois ne pouvait se passer d'intrigue, mais toujours avec un but où toutes ses démarches tendaient, avec une patience qui n'avait de terme que le succès ou la démonstration réitérée de n'y pouvoir arriver, à moins qu'il ne vît jour à mieux en ouvrant un autre boyau, SAINT-SIMON 390, 14.Familièrement et par extension, passage étroit, pièce étroite et longue. Cette chambre est un boyau.4° Conduit adapté à une machine hydraulique.5° Terme de botanique. Boyau pollinique, tube rempli d'une substance qui s'échappe de l'intérieur du grain du pollen, par un ou plusieurs points, au moment de la fécondation.Boyau de chat, sorte d'algue marine.6° Terme de vétérinaire. Boyau violet, nom du typhus contagieux des animaux domestiques de certaines contrées, sans doute à cause de l'aspect du boyau ou intestin à l'autopsie.XIe s.• Defors son corps [il] veit gesir la buele, Ch. de Rol. CLXIV.XIIe s.• Et le ventre lui purfendi, si que tute la buille à terre chaïd, Rois, 198.• Od gaveloz, od dardeiaus [ils] S'entrepercent les bueaus, BENOÎT II, 1231.XIIIe s.• D'eures en aultres s'estendeille ; Et ses ventres si se merveille, Et si bouel qui sont dedenz, Que font ses poes [pattes] et ses denz ; D'angoisse gient [il geint] et de destresce, Et de la faim qui moult le blece, Ren. 6507.• Si vos effonderai cel ventre, Et la boele qu'est soentre, Vos saudra fors par le poistron, ib. 12798.XVe s.• Les dits Bourguignons, Anglois, Picars et aultres s'en retournerent à leur duc sur trayne boyau et sans avoir rien fait, J. DE TROYES Chron. 1470.• Levez sus, juifs, levez sus ; Liez, ferez, frapez dessus ; Froissez la teste et la cervele ; Rompez les os et la bouele, Mart. de St. Est..• Celui est fol qui adjoint estrange boyau au sien [qui s'allie dans une famille étrangère], Perceforest, t. VI, f° 66, col. 2.XVIe s.Picard, boyeu, boelles ; provenç. budel ; catal. budell ; ital. budello ; bas-lat. botellus, boyau ; du latin botellus, petit boudin, diminutif de botulus, boudin. Il y avait dans l'ancien français deux formes : masculin, boel ; féminin, boelle.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREBOYAU.3° Ajoutez :Boyau de mine, petite galerie.Boyau de tranchée, portion d'une tranchée comprise entre deux angles.Le patois normand dit la boille, en parlant des viscères des animaux, H. MOISY, Noms de famille normands, p. 32. On rapprochera facilement cette forme de celle de plusieurs exemples de l'historique.Ajoutez :XIVe s.• Heudous li orfevres avoit fait chever [caver, creuser] un bouel souz terre, contre un bouel que Pierre a en sa maison (1303), VARIN Archives admin. de la ville de Reims, t. II, 1re partie, p. 28.XVe s. Ajoutez :• Je n'ay mangé que tout à point : Encor y a-t-il ung boyau vuyde, Rec. de farces, p. 319.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.