- bourdon
- bourdon 1.(bour-don) s. m.1° Long bâton de pèlerin, surmonté d'un ornement en forme de pomme.• Robert Guiscard et ses frères vont en pèlerinage à Rome le bourdon à la main, VOLT. Moeurs, 39.2° Terme de pêche. Bâton dit aussi bordeneau, qui s'ajuste à l'extrémité des seines.3° Dans l'armement de la chevalerie, lance à grosse poignée.4° S. m. plur. Perches formées des arbres dépouillés de leur écorce.5° Bourdon de Saint-Jacques, nom vulgaire de la guimauve.6° Terme d'imprimerie. Faute d'un compositeur qui a passé un ou plusieurs mots de la copie.XIIIe s.• Si prist bourdon et eskerpe et esclavine et se tapi au miex qu'il pot, Chron. de Rains, p. 107.• Il [J. C.] qui par le bordon de fust, Por les ames par pechié mortes, Devoit d'enfer brisier les portes, la Rose, 18982.• Et [je] port o moi par grant effort Escherpe et bordon grant et fort, ib. 21622.• Et Pieres li Hermites, li pelerin senés, Son bordon en sa main, qui fu fors et quarrés, Ch. d'Ant. 443.• Cel abbé de Cheminon si me dona m'escharpe et mon bourdon, JOINV. 209.XVe s.• Ce sera avecques ses enfants.... et bourdon pour lui appuyer, FROISS. III, IV, 68.XVIe s.• .... Qu'il voyoit bien, que la prise de Metz, ainsi precipitée, le contraindroit de planter à Wissembourg le bourdon [de s'y arrêter] ; et qu'il falloit penser du retour, CARL. IV, 23.• Je n'ai ni querelle ni procez, et suis bien aimé de mes voisins et tenanciers, d'ailleurs j'ai une petite lame dans ce bourdon, D'AUB. Faen. I, 1.• Si avoient du commencement proposé de charger les Romains avec leurs bourdons [lances], pour essayer de fendre et ouvrir leurs premiers rencs, AMYOT Crassus, 45.Bas-lat. bordonus, bordo, burdo, burdus ; provenç. bordo ; espagn. burdos, étai ; ital. bordone ; d'un radical latin burdo, âne ou mulet ; le bâton qui soutient ayant été assimilé au mulet qui porte, ou plutôt, comme dit Du Cange, les pèlerins allant souvent sur des ânes ou des mulets, et le nom de l'animal qui les portait étant resté au long bâton dont ils étaient munis. Mais, examinant les sens du texte ou de l'historique, on en voit une part revenir à bourde 2 ou behourde, lance.————————bourdon 2.(bour-don) s. m.Terme de musique.1° Bourdon d'orgue, celui des jeux de l'orgue qui a les tuyaux les plus longs et les plus gros, et qui fait la basse.2° Ton qui sert de basse continue dans certains instruments tels que vielle, musette et cornemuse.3° Dans le violon, nom ancien de la quatrième corde (le sol argenté). Dans la vieille musique, on voit souvent écrit : sur le bourdon ; on écrit maintenant : sur la quatrième.• Si le son est tiré de la chanterelle ou du bourdon, J. J. ROUSS. Ém. II.4° Faux-bourdon, musique dont toutes les parties se chantent note contre note. C'est là la définition de l'Académie ; mais, d'après de Lafage, Cours complet de plain-chant, n° 689, le faux-bourdon signifie fausse-basse, parce que la basse est transportée à la partie supérieure, et il est toujours du plain-chant chanté à plusieurs parties et note contre note, et non de la musique proprement dite.5° Grosse cloche. Le bourdon de Notre-Dame.Fig.• Le maréchal de Duras écoute un instant le bourdon des applaudissements [donnés à Villeroy], SAINT-SIMON 96, 22.XVe s.• Musique notée par fainte, Avecques faulx bourdon de maleur, CH. D'ORL. Rond..XVIe s.• Je ne saurois chanter, et, quand je le voudrois, Je jure par ton bouc qu'encor je ne pourrois : Car on m'a pris d'emblée à ceste matinée L'anche de mon bourdon que tu m'avais donnée, RONS. 743.• Toy, Perrot, prends en don cette belle chevrette [cornemuse] ; Son ventre est fait de cerf, son anche est de coudrette ; Son bourdon de prunier ; <
, RONS. 745. Provenç. bordos, vers ; espagn bordon, sorte de vers, refrain ; ital. bordone ; angl. burden, refrain. Il y a dans le gaélique, bûrdan, bourdonnement ; ancien anglais, bourdon. Diez pense que, s'il était certain que les longs tuyaux d'orgue eussent reçu, en bas-latin, le nom de burdones, il faudrait considérer le bourdon d'orgue comme le même, à cause d'une assimilation de forme, que bourdon, bâton de pèlerin, et le gaélique bûrdan, comme emprunté aux langues romanes. Mais trop de doute reste sur cette dérivation. La présence d'un radical burd signifiant bourdonner, à la fois dans le gaélique, dans l'anglais et dans le français, porte à croire que le mot est celtique et non roman.————————bourdon 3.(bour-don) s. m.1° Insecte de la famille des abeilles. Vrais bourdons ou bourdons proprement dits, hyménoptères de la famille des abeilles, volumineux, très velus, vivant dans des galeries souterraines, en sociétés peu nombreuses, composées de mâles, de femelles et d'ouvrières. Leur piqûre offre les mêmes dangers et réclame les mêmes soins que celle de l'abeille.2° Faux bourdon, mâle de l'abeille ; il y en a 600 à 800 pour 20 000 à 30 000 ouvrières dans une ruche, et une seule femelle.• Ici l'abeille et le bourdon murmurent, BERN. DE S.-P. Étude VIII.Fig.• Cette divine abeille [Émilie] va porter son miel aux bourdons de Versailles, VOLT. Lettr. vers, 30.XVIe s.• Touchant les bourdons ou frelons, qu'en plusieurs endroits de Languedoc l'on appelle abeillards, c'est une espece d'abeilles naissant avec les bonnes, O. DE SERRES 445.• Comme les bourdons inutiles au bournal [ruche] pillent sur les abeilles, LA BOÉTIE 236.Bas-lat. burdo, dans les gloses d'Aelfricus ; burdonus dans Papias. Le nom de l'insecte est le même que celui du bourdon en musique.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.