- étouper
- (é-tou-pé) v. a.1° Boucher, remplir avec de l'étoupe. Étouper un bateau, les fentes d'un tonneau.• Le drôle avait étoupé la clochette, LA FONT. Clochette..S'étouper les oreilles, se les emplir de coton.2° Terme de doreur. Appliquer une pièce à l'endroit où une feuille d'or manque d'étoffe.Presser les feuilles d'or avec un tampon pour les faire prendre sur la colle.3° Terme de chapelier. Renforcer les parties faibles d'une capade avec les rognures d'une autre.XIIe s.• Mult par fu [fut très ] esbaïe la gent chaperunée, Quant il virent lur veie tutes parz estupée, Th. le mart. 146.XIIIe s.• Les huis et les fenestres très bien estouperons, Berte, LXXVII.• Son nes [il] estope isnelement, BENOÎT t. III, p. 521.• Bon fait estoper Male-Bouche, Qu'il ne die blasme ou reprouche, la Rose, 7421.• Encore pot on bien fere demande en cort laie por cause de damace, si comme contre cix qui estoupent cemins, ou aucun autre aaisement commun, BEAUMANOIR XLIII, 41.• Por estoper l'usure as mavès creanciers, Liv. de just. 170.• Et il meismes son cors [lui-même, de sa personne] portoit les cors pourris et touz puans pour mettre en terre es fosses, que jà ne se estoupast, et les autres se estoupoient [se bouchaient le nez], JOINV. 278.• Dist li provost : ce sont estoupes Dont vous me volez estouper [ce sont bourdes par lesquelles vous me voulez tromper], DU CANGE stupare..XVe s.• Une povre couste de vieille toile enfumée pour estuper le feu, FROISS. II, II, 157.• En estoupant la langue aux mesdisans, Qui ont langue pour mesdire legiere, CH. D'ORL. Songe en complainte..XVIe s.• La main de Dieu n'est point accourcie, qu'il ne nous puisse sauver ; et son oreille n'est point estouppée, qu'il ne nous puisse ouir, CALV. Instit. 589.• Par quoy leurs veues furent tantost estouppées [par la poussière], AMYOT Sertor. 24.• Ilz disoient que ce n'estoit pas une esquinance qui luy avoit estouppé la nuict le conduit de la voix, AMYOT Démosth. 36.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.