- étonnement
- (é-to-ne-man) s. m.1° Ébranlement, commotion. Depuis sa chute, il lui est resté un étonnement du cerveau.Terme de vétérinaire. Étonnement du sabot, ébranlement occasionné, dans le pied du cheval, par un choc violent contre un corps dur.Terme de joaillier. Fêlure d'un diamant occasionnée par un contre-coup.2° Fig. Ébranlement moral.• Aucun étonnement n'a leur gloire flétrie, CORN. Hor. III, 5.• Sans regret, sans murmure et sans étonnement, CORN. Poly. III, 1.• Ces promesses [de la reine et du cardinal] rassuraient M. le prince et ses amis ; elles confirmaient le monde dans l'opinion qu'on avait conçue de l'étonnement du cardinal, LA ROCHEF. Mém. 92.• L'effroi de nos aïeux et leurs étonnements De leur postérité se font les châtiments, BRÉBEUF Pharsale, VII.• La colère de Dieu le tenait dans un profond étonnement, BOSSUET Hist. II, 8.• D'aucun étonnement il ne paraît touché, RAC. Brit. v, 5.3° Sensation morale causée par quelque chose d'extraordinaire, de singulier, d'inattendu.• Je comprends l'étonnement où vous avez été, SÉV. 12.• De voir cela.... me donna un extrême étonnement, SÉV. 437.• Je sens croître ma joie et mon étonnement, RAC. Iphig. II, 2.• De quel étonnement, ô ciel ! suis-je frappée !, RAC. Bajaz. III, 6.• Je ne sors pas d'admiration et d'étonnement à la vue de certains personnages que je ne nomme point, LA BRUY. III.• Enfin nous aimions à voir en lui [Napoléon] le compagnon de nos travaux, le chef qui nous avait conduits à la renommée ; l'étonnement, l'admiration qu'il inspirait, flattaient notre amour-propre ; car tout nous était commun avec lui, SÉGUR Hist. de Napol. III, 3.Au plur.• Dans ces étonnements dont mon âme est frappée De rencontrer en vous le vengeur de Pompée, CORN. Pomp. III, 2.• Je m'étonnerais qu'il y eût un seul homme dans Gênes capable des sentiments que vous venez d'entendre, si mes étonnements n'étaient épuisés par la considération de ce que souffre la république, RETZ Conjur. de Fiesque..• Vous avez tous les étonnements que doit donner un malheur comme celui de M. de Lauzun, SÉV. 106.• Un de mes étonnements est qu'elle s'y connaisse si peu, DANCOURT Folle enchère, sc. 3.Au grand étonnement de tout le monde, tout le monde étant étonné.On dit aussi quelquefois, simplement, à l'étonnement.• Le païen, à l'étonnement de l'univers, L'ABBÉ HOUTEVILLE dans DESFONTAINES.4° Admiration. Être ravi d'étonnement. Cette action fera l'étonnement des siècles futurs.ÉTONNEMENT, SURPRISE. La surprise est ce qui saisit à l'improviste ; l'étonnement est ce qui étourdit, cause un ébranlement moral. Par conséquent, la surprise est plus faible que l'étonnement ; on peut être surpris sans être étonné. La surprise est aussi autre chose que l'étonnement ; être surpris, c'est voir ce à quoi on ne s'attendait pas ; être étonné, c'est en recevoir un certain coup qui arrête et ébranle.XVIe s.• Strepitus ou estonnement [genre de bruit d'oreilles], fait d'une grande commotion, esbranlement, ou escousse du cerveau, PARÉ XVI, 40.• À l'instant sont arrivez quatre cens chevaulx armez de toutes pieces qui ont donné jusqu'à la grande place de la dicte ville, dont les dicts habitans ont prins un tel estonnement qu'ils ne se sont jamais mis en aucune deffense, HENRI IV Lettres, t. IV, p. 696.Étonner.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREÉTONNEMENT. Ajoutez : - REM. L'étonnement d'une chose, l'étonnement que cause une chose.• Dans le pays, tout le monde est d'un étonnement sans égal de cette belle expédition, J. J. ROUSS. Lettre à Moultou, 7 fév. 1765.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.