- étendard
- (é-tan-dar ; le d ne se lie pas : un é-tan-dar orné ; au pluriel, l's ne se lie pas : des é-tan-dar ornés ; cependant plusieurs disent : des é-tan-dar-z ornés) s. m.1° Toute sorte d'enseigne de guerre.• Et voyant pour surcroît de douleur et de haine Parmi ses étendards porter l'aigle romaine, RAC. Mithr. v, 4.• Déployez en son nom cet étendard fatal, Des extrêmes périls l'ordinaire signal, RAC. Baj. I, 2.• Cet étendard était un aigle d'or au bout d'une pique avec les ailes déployées, et, depuis ce temps-là, les rois de Perse n'en ont point pris d'autres, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. II, p. 212, dans LACURNE.• Le dieu dont j'ai porté les sacrés étendards, VOLT. Fanat. II, 1.2° Aujourd'hui, en termes militaires, étendard ne se dit que des enseignes de la cavalerie. Se ranger sous l'étendard.3° Fig. L'étendard, le parti sous lequel on se range.• L'étendard d'un faux prophète réunit des pâtres errants dans les déserts de l'Arabie, TURGOT 2e disc. en Sorbonne..Suivre les étendards de, se ranger sous les étendards de, combattre sous les étendards, arborer l'étendard de, c'est-à-dire embrasser le parti de, s'attacher à.• N'arboreront-ils point l'étendard de Pompée ?, CORN. Sertor. I, 1.• Il obligea les Grecs à marcher sous ses étendards contre l'ennemi, BOSSUET Hist. III, 5.• Mais sous ses étendards l'ai déjà su ranger Un peuple obéissant et prompt à vous venger, RAC. Athal. IV, 2.Lever l'étendard, se déclarer chef d'un parti, d'une faction.• Mathatias leva l'étendard de la liberté, BOSSUET Avert. 5.• Contre nous de la tyrannie L'étendard sanglant est levé, Marseillaise.Lever, arborer l'étendard de la révolte, se révolter.Lever l'étendard, pratiquer avec ostentation quelque chose.• On peut être homme de bien sans lever l'étendard, sans courir à toutes les dévotions, MASS. Carême, Culte..4° Étendard désignait autrefois, sur les galères, ce qu'on nomme aujourd'hui pavillon sur les vaisseaux.5° Terme de botanique. Pétale supérieur des fleurs papilionacées.6° Sorte de papier.XIe s.• Et l'estandart Tervagan et Mahom, Ch. de Rol. CCXXXVII.XIIe s.• Nostre emperere fist l'estendart venir [le chariot qui portait l'étendard], Mult l'a bien fait de chevaliers emplir Et de serjans, pour le fais soustenir, Garin, dans DU CANGE, standardum.• Quant il ont en bataille fiché leur estandart, Sax. XIX.XIIIe s.• Oïl, se Diex me saut : nous n'avons chi autre fremeté [forteresse], ne autre estendart fors Dieu tant seulement et vous, H. DE VALENC. IV.XVe s.• L'estendart du roy qui estoit de satin vermeil cramoisy, AL. CHARTIER Hist. de Charles VII, p. 182, dans LACURNE.• Dame Ysengrine y vint accompagnée de plusieurs de sa congnoissance, qui toutes apporterent leurs quenoilles, lin, fuiseaux, estendars, happles, et toutes agoubilles servans à leur art, les Evang. des quenouilles, p. 13.XVIe s.• Alors fit le seigneur de la Tremouille sonner à l'estendart pour rassembler ses gens, J. D'AUTON Annales de Louis XII, p. 109, dans LACURNE.• Estendart, banniere ou enseigne, que nous disons aujourd'hui drapeau, PASQUIER Recherches, dans LACURNE.• Il n'est umbre que d'estendarts, il n'est fumée que de chevaux, et clicquetis que de harnois, RABEL. II, 27.• À l'estendard tard va le couard, LEROUX DE LINCY Prov. t. II, p. 79.• Avant, avant, gendarmes, à cheval ; boute selle, boute selle, tost à l'estendard, Chanson de la bataille de Marignan.Provenç. estandart, estandard ; espag. estandarte ; ital. stendardo ; angl. standart. Diez le tire du latin extendere, étendre, déployer ; du Cange, du germanique stand, être debout. Le fait est que, à part l'italien, c'est l'a qui est dans le vieux français, dans le provençal et l'espagnol. De plus, l'étendard était quelque chose de fixé et d'immobile durant la bataille, ce qui va à stand ; enfin l'anglais signifie à la fois étendard et étalon [de mesures], ce qui ne paraît se concilier qu'avec une racine analogue à celle qui est dans étalon lui-même. Ces raisons font pencher la balance du côté de stand. Cependant remarquez que, dans certaines provinces, étendard, comme drapeau, signifie un lange.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.