- épier
- épier 1.(é-pi-é) v. n.Monter en épi.• Les gelées du printemps endommagent le seigle lorsqu'il est nouvellement épié et en lait, BUFF. Exp. sur les végét. 4e mém..Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand il marque l'action : le blé a épié heureusement ; avec l'auxiliaire être, quand il marque l'état : le blé est épié dans notre canton. Il n'est employé qu'aux troisièmes personnes du singulier et du pluriel.XIIIe s.• Que cil blez sont creü en haut, Et espié et tuit grenu, Ren. 19890.XIVe s.• Percil qui est semé en aoust est le meilleur, car il n'espie point, et se tient en vertu toute l'année, Ménagier, II, 2.XVe s.• Chiens aux queues espiées, Chasse de Gaston Phebus, ms. p. 121, dans LACURNE.Épi ; Berry, épiger ; provenç. et espagn. espigar ; ital. spigare.————————épier 2.(é-pi-é), j'épiais, nous épiions, vous épiiez ; que j'épie, que nous épiions, que vous épiiez, v. a.1° Observer secrètement quelqu'un.• Vous autres que j'emploie à l'épier sans cesse, RÉGNIER Élég. II.• Je l'ai fait épier par des regards fidèles, VOLT. Sémir. v, 2.• On l'observe, on l'épie, et tout me fait trembler, VOLT. Triumv. III, 3.Il se dit aussi des choses. On épie toutes vos démarches. Épier les mouvements de l'ennemi.• Je ne sais pas du moins épier ses discours, RAC. Brit. III, 8.Absolument.• La Forêt, qui se loge en même hôtellerie, Feignant de ne rien voir, observe, écoute, épie, HAUTEROCHE Esp. follet, II, 1.2° Par extension, observer attentivement, essayer de découvrir, de pénétrer.• Arons vient voir ici Rome encor chancelante, Découvrir les ressorts de sa grandeur naissante, Épier son génie, observer son pouvoir, VOLT. Brut. I, 1.• Tu venais épier le secret de mes feux, VOLT. ib. II, 3.• Est-ce de nos tyrans quelque ministre affreux Dont l'oeil vient épier les pleurs des malheureux ?, VOLT. Mérope, III, 2.• Le cruel dissimule, il observe, il épie S'il pourra dans nos champs porter le glaive impie, M. J. CHÉN. Charles IX, II, 3.• Du printemps près de vous épier les prémices, DELILLE Paradis perdu, II.Épier l'occasion, le moment d'agir, attendre l'instant convenable.• Je viens pour épier le moment favorable, RAC. Esth. II, 1.• Ma soeur et moi, cédant à tout par complaisance, Du nouveau possesseur épiâmes l'absence, LAMART. Joc. VII, 240.3° Terme de vénerie. Épier le relevé, guetter le temps où la bête sortant du lieu qui lui a servi de retraite pendant le jour, va repaître.4° S'épier, v. réfl. S'observer secrètement l'un l'autre.S'épier, être comme à l'affût des propres mouvements de son âme. Il faut s'épier de près, dit Montaigne.XIe s.• Que Guenelon nous a touz espiez [trahis], Ch. de Rol. LXXXVIII.XIIIe s.• Et tant erra qu'il vint à Osterriche, et fu espiiés et connus, Chr. de Rains, p. 46.• Por ce l'apel on larrecin, que li lerres espie l'ore [l'heure] et le point que nus ne le voie, BEAUMANOIR XXX, 3.XVe s.• Au voir dire et raconter, c'estoit grand merveille de ce qu'ils faisoient [les pillards en campagne] ; ils espioient, telle fois estoit, et bien souvent, une bonne ville ou un bon chastel, une journée ou deux loin ; <
, FROISS. I, I, 324. XVIe s.• Avoir l'oeil au guet, l'oreille aux escoute pour espier d'où viendra le coup, MONT. IV, 386.• Moy qui m'espie de plus prez, comme celuy qui n'ay pas fort à faire ailleurs, MONT. II, 323.• Ilz se cachoient durant le jour, puis sur la nuit s'en alloient espier les chemins, et y tuoient le premier qu'ils rencontroient des ylotes, AMYOT Lyc. 58.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.