- éluder
- (é-lu-dé) v. a.1° Éviter en échappant, comme par une sorte de jeu. Éluder une question. Éluder une promesse. Ils éludèrent la loi. Éluder les traités. Les poursuites furent éludées.• Alexandre, coupant le noeud gordien, éluda l'oracle, ou il l'accomplit, VAUGEL. Q. C. liv. V, dans RICHELET.• De lâches coups d'État dont en l'âme on se loue, Et qu'une absence élude...., CORN. Suréna, V, 3.• Comme la partie n'est pas égale, il faut user de stratagème et éluder adroitement le malheur qui me cherche, MOL. Festin, II, 10.• M. Claude était le plus subtil de tous les hommes à éluder les décisions de son Église lorsqu'elles l'incommodaient, BOSSUET Var. XV, § 29.• Par combien de détours L'insensible a longtemps éludé mes discours !, RAC. Phèd. III, 1.• Ce fut pour éluder cette embuscade qu'il prit...., HAMILT. Gramm. 5.• Ses ennemis ne cherchaient par ces détours qu'à éluder l'exécution du testament de son père, VERTOT Révol. rom. XIV, p. 306.• Au lieu d'éluder sa peine, il venait la demander à genoux ; plus elle était sévère et publique, plus elle rendait le calme à sa conscience, RAYNAL Hist. phil. VIII, 14.Absolument.• Il lui plaît d'éluder et de temporiser, LACHAUSSÉE Mélanide, III, 9.2° S'éluder, s'échapper à soi-même.• Suspends tous ces emplois frivoles ; Homme vain, c'est trop t'éluder, LA MOTTE Odes, t. I, p. 285, dans POUGENS.Être éludé. De pareilles prescriptions ne s'éludent pas facilement.1. Éluder paraît un mot né vers le commencement du XVIIe siècle.2. Molière a dit éluder, dans le sens de tromper, avec un nom de personne : J'éludais un chacun d'un deuil si vraisemblable Que les plus clairvoyants l'auraient cru véritable, l'Étourdi, II, 7.Lat. eludere, de e, et ludere, jouer.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.