- éloignement
- (é-loi-gne-man) s. m.1° Action d'éloigner ou de s'éloigner. L'éloignement des personnes les plus suspectes.• Après l'éloignement d'un flatteur de Décie, CORN. Poly. V, 2.• Et mon éloignement remettra son esprit, CORN. Nicom. IV, 2.• Accordez-moi sa grâce ou mon éloignement, ROTR. Vencesl. III, 7.Terme de dévotion. Vivre dans un grand éloignement de Dieu, c'est-à-dire vivre dans une grande inattention pour les choses de son salut.2° Absence.• La prodigieuse mémoire de ce prince [le frère de Louis XIII] est une des considérations qui m'a autant consolé durant cet éloignement ; car je suis assuré que j'y suis encore, puisque j'ai eu l'honneur d'y être autrefois, VOIT. Lett. 39.• Que pourrais-je espérer d'une amitié passée, Qu'un long éloignement n'a que trop effacée ?, RAC. Théb. II, 3.• Je prévois la rigueur d'un long éloignement, RAC. Iphig. II, 2.3° Distance d'un lieu à un autre. L'éloignement de nos demeures nous empêche de nous voir souvent.• L'immense éloignement [des planètes], le point et sa vitesse, Celle aussi de nos passions, Permettent-ils à leur faiblesse [des astrologues] De suivre pas à pas toutes nos actions ?, LA FONT. Fabl. VIII, 16.Dans l'éloignement, en éloignement, c'est-à-dire au loin, dans le lointain. Dans l'éloignement, on voit des bergers.• Vers une habitation rustique qui paraissait en éloignement, HAMILT. Les quatre facardins, p. 272.• Il aperçoit distinctement une lumière dans l'éloignement, Mme DE GENLIS Veillées du château, t. I, p. 544, dans POUGENS.Fig.• L'imagination fait voir comme en éloignement les agitations du monde, FLÉCH. Dauph..• Ce sont là de ces traits qu'on ne peut montrer qu'en éloignement, MASS. Or. fun. Villars..• Le monde, vu de près, ne se soutient pas longtemps contre lui-même ; mais en éloignement il en impose, MASS. Profess relig. Serm. 4.4° La distance dans le temps. L'éloignement des temps rend fort obscurs les détails de cet événement.• Soit que, jeune, on craigne moins la mort, par l'instinct de son éloignement, ou qu'à cet âge, riche de jours et prodigue de tout, on prodigue sa vie comme les riches leur fortune, SÉGUR Hist. de Napol. IX, 2.• Voir de grands biens en éloignement, avoir à espérer une riche succession, Académie.5° Éloignement d'une chose, ou, seulement, éloignement, retardement.• Le moindre éloignement à votre impatience est un cruel tourment, RAC. Alex. III, 1.6° Antipathie, répugnance. Il a de l'éloignement pour cette personne, pour cette profession.• À quoi bon affecter des éloignements qui ne servent à rien ? Il avait de l'éloignement de servir dans les couvents, BOSSUET Lett. relig. 98.• Il leur inspirait un extrême éloignement de leur impiété, BOSSUET Hist. II, 3.• L'éloignement qu'il fait paraître pour la vérité, MASS. Av. Épiph..• Il faut avouer que le roi, dans les premiers temps, eut plus d'éloignement que d'inclination pour Mme de Maintenon, Mme DE CAYLUS Souvenirs, p. 78, dans POUGENS.XIIIe s.• Mes en aucun cas eles n'i ont pas bon demourer, ainçois doivent estre escusées de l'eslongnement, s'eles le font, BEAUMANOIR LVII, 4.XVIe s.• L'esloignement que de vous [loin de vous] je veux faire, N'est pour vouloir m'exempter et deffaire De vostre amour, encor moins du service, MAROT I, 357.• Vostre prochain et triste eslongnement, ST-GELAIS p. 20, dans LACURNE.Éloigner.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.