- écrou
- écrou 1.(é-krou) s. m.Pièce de bois, de métal ou de toute autre matière solide, percée d'un trou ordinairement cylindrique, à l'intérieur duquel règne en hélice une saillie adhérente nommée filet, et qui reçoit une vis dont le filet aussi en hélice remplit exactement les cannelures formées par le filet de l'écrou, LEGOARANT. Écrous mobiles. Écrous fixes.XVe s.• La cloche qui point ne se muet [meut], Com les contrepois et les roes, Qui tous dis vont par leurs escroes, En tournant jusqu'à certaine heure, EUST. DESCH. Poésies mss. dans LACURNE.XVIe s.Wallon, skrâw ; ital. scrofola ; du germanique : angl. screw ; allem. Schraube ; holland. schraef ; suédois, skruf ; danois, skrue. Diez tire écrou du latin scrobis, fossette ; mais les formes, particulièrement le wallon skrâv, s'y prêtent moins bien qu'à la dérivation germanique. On remarquera que, anciennement, on disait escroue, du féminin.————————écrou 2.(é-krou) s. m.Article du registre des emprisonnements, portant le nom du prisonnier, la cause de l'arrestation. Dresser, lever un écrou.XIVe s.• Plusieurs biens comme blez, vins et autres choses pris de plusieurs bonnes gens, auxquels, pour ce que paiez n'estoient, eussent esté faites et baillées plusieurs cedules ou escroes de ce qui deu leur estoit, DU CANGE escroa..• Iceluy bailli avoit juré grand serment que le dit procès seroit scellé et l'avoit reprins en sa main rentourteillié, et le lie d'une escroe de parchemin en plaçant et mettant de la cire sur la dite escroe pour icelui procès sceller, DU CANGE ib..XVe s.Bas-lat. scroa, scrua, un mémoire, une cédule ; escroa, cédule, bandelette de parchemin. Origine inconnue. Le sens paraît être ce qu'on déchire, lambeau : Metre escroe de tele [c'est-à-dire mettre morceau de toile en doublure], Liv. des mét. 370 ; En fuiant li ont fait les ronces mainte escroe, Berte, XXXIII., De là le sens de lambeau de papier, de registre, d'écrou. L'anglais a dans le même sens scroll ; et comme cette langue n'en fournit pas l'étymologie, on peut conjecturer que c'est une altération de l'ancien français escroele qui signifie une lanière dans ces vers : Ele ne pot tenir as mains Escroele, drapel ne pieche [piece].... Fabliaux mss. n° 7989, f° 239, dans LACURNE. Escroue a subi la même transformation que écrou 1 : de féminin il est devenu masculin.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.