- éclore
- (é-klo-r') v. n.v. n. défectueux qui n'a que les temps suivants : j'éclos, tu éclos, il éclôt, nous éclosons, vous éclosez, ils éclosent ; j'éclosais ; j'éclôrai ; j'éclôrais ; que j'éclose ; éclos, éclose. L'Académie met un accent circonflexe sur le futur et le conditionnel et n'en met pas sur je clorai, je clorais ; c'est pécher contre l'analogie.1° Sortir de l'oeuf, naître. Les serins éclosent.• Elle bâtit un nid, pond, couve, fait éclore À la hâte ; le tout alla du mieux qu'il put, LA FONT. Fabl. IV, 22.• On connaît les fours des Égyptiens, dans lesquels ils font éclore à la fois des centaines ou même des milliers de poulets ; M. de Réaumur était parvenu à simplifier beaucoup cette pratique si ancienne des Égyptiens, et à la mettre à la portée des gens de la campagne, BONNET Contempl. nat. Oeuvres, t. VIII, p. 325, note 1.On le dit aussi des oeufs d'où sortent les petits. Les oeufs sont éclos ce matin.Fig.• Vingt ans au plus, bonhomme, attends encore ; L'oeuf éclôra sous un rayon des cieux, BÉRANG. Comète..2° S'ouvrir, en parlant des graines, des fleurs.• Une fleur qui commence à éclore, FÉN. Tél. III.• Ces végétaux puissants qu'en Perse on voit éclore, VOLT. Sémir. IV, 2.• Les coquelicots et les bluets éclosent dans des oppositions ravissantes, BERN. DE ST-P. Étud. V.3° Commencer à paraître. Le jour est près d'éclore.• Ô, si de mon désir l'effet pouvait éclore, Que sous de douces lois nous pourrions nous aimer !, ROTROU St-Gen. III, 6.• Ma vie à peine a commencé d'éclore ; Je tomberai comme une fleur Qui n'a vu qu'une aurore, RAC. Esth. I, 5.• Le triste regret de voir éclore une vie qui a été aussitôt éteinte, MASS. Avert. Délai..• Quoique cette intrigue eût été menée depuis un fort longtemps, elle le fut cependant avec tant de secret jusqu'au temps même où elle devait éclore, qu'on n'en sut rien pendant la vie de Lysandre, ROLLIN Hist. anc. Oeuvres, t. IV, p. 254, dans POUGENS.• On sent.... Qu'une forme périt, afin qu'une autre éclose, LAMART. Joc. II, 64.Faire éclore, produire. Faire éclore des projets.• Dès que l'impression fait éclore un poëte, Il est esclave né de celui qui l'achète, BOILEAU Sat. IX..• Chaque instant fait éclore une nouvelle horreur, VOLT. Orph. I, 5.Éclore se conjugue avec le verbe être : les oeufs sont éclos.XVIe s.• L'oeuf duquel esclorera l'aspic mortel qui...., YVER p. 640.• Dès le mois de septembre, les vents et les pluyes commencent à s'esclore d'estrange façon, CARL. III, 20.• On n'attendoit pas le jour esclore pour venir aux attelliers, CARL. V, 4.• Le primat de Lyon ne dort ny jour ny nuict, pour esclorre un escrit qui fera poser les armes à tout le monde, Sat. Mén. p. 199.• Les pigeons patés esclorront des oeufs de poule commune, si on les leur suppose au lieu des leurs, O. DE SERRES 357.• La gouvernante attendra avec patience que les oeufs soient esclos.... elle secourra les premiers poussins escloans qui souventesfois ne peuvent sortir de la coque, O. DE SERRES 359.• Au commencement de mai les oysons esclouent, O. DE SERRES 374.• Deux serpents s'y glisserent, et feirent des oeufs dedans et les esclouirent, AMYOT les Gracques, 24.• Son sein vous esclouit, gardez de l'offenser [Dieu], RONS. 275.• Fust-ce en hyver, les roses s'esclou'ront, RONS. 741.• Trous esclous [ouverts], RAB. Garg. I, 13.Wallon, hlôre ; provenç. esclaure, esclure ; espagn. et portug. excluir ; ital. escludere. Les formes excluir, escludere viennent du latin excludere, de ex, hors de, et claudere, fermer (voy. clore) ; les formes en o ou en au viennent d'une forme non latine exclaudere, ou, si l'on veut, directement du préfixe es- et de clore ou claure. Éclore, c'est, étymologiquement, fermer hors.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREÉCLORE. Ajoutez :4° V. a. Mettre au jour, au monde.• Ce n'est pas à dire que la nature ne soit capable d'éclore, quand il lui plaira, quelque animal qui n'ait encore été vu, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..5° V. réfl. S'éclore, venir au monde, au jour.• Enfin s'écloront des guerres civiles où toutes choses seront violées, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..• Pour ce qui est de la conception et de ces entrailles d'où le Verbe se doit éclore, BOSSUET 6e avert. 23.C'est un archaïsme.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.