- éclipser
- (é-kli-psé) v. a.1° Intercepter la lumière d'un astre. La lune éclipse le soleil. La terre éclipse la lune.2° Obscurcir, faire disparaître.• La nuit n'a pas encore éclipsé la lumière, M. J. CHÉNIER Tib. III, 4.Fig.• À la faveur de ces éminences, on éclipse une des trois vertus théologales, BOSSUET Nouv. myst. 10.3° Surpasser, effacer. Corneille éclipsa tous ses prédécesseurs.• Leurs traits sont peu réguliers ; mais, si elles ne sont pas belles, elles ont de la physionomie qui supplée à la beauté et l'éclipse quelquefois, J. J. ROUSS. Hél. II, 21.• Toutes les sciences sont sujettes à ces révolutions ; la gloire de l'auteur d'une découverte éclipse celle des savants qui l'ont préparée et ne leur laisse de droits qu'à la reconnaissance publique, CONDORCET Duhamel..• Il [Walter Raleigh] avait une passion extrême pour tout ce qui avait de l'éclat, une réputation qui éclipsait les plus grands noms...., RAYNAL Hist. phil. XIII, 6.4° S'éclipser, v. réfl. Disparaître derrière un corps. Le soleil s'éclipse derrière la lune.Avec ellipse du pronom se.• Un accident pareil Devrait faire d'horreur éclipser le soleil, MAIR. Solim. V, 11.5° Disparaître à la dérobée.• Que fait-il ? il s'éclipse, il part, LA FONT. Pet. chien..• Quoi ! le seigneur Ésope en croit donc être quitte, Pour m'avoir en passant daigné rendre visite ; Et son zèle se borne à me voir une fois, Après s'être éclipsé pendant cinq ou six mois, BOURSAULT Ésope à la cour, I, 4.• Il s'aperçut bien à la surprise qu'on fit paraître, que l'on n'ignorait pas pourquoi il s'était éclipsé, LESAGE Diab. boit. 20.• Stanislas [Leczinsky] s'était éclipsé de son armée, VOLT. Charles XII, 7.• À la veille, morbleu, d'avoir un régiment, Planter là l'univers, s'éclipser brusquement, Quitter Londre et la cour pour sa maudite terre !, GRESSET Sidnei, I, 1.Il se dit aussi des choses qui disparaissent. Je croyais mettre la main sur ce livre ; mais il s'est éclipsé. L'argent s'éclipse vite au jeu.6° Être effacé, perdre de sa puissance, de son crédit.• Tel brille au second rang qui s'éclipse au premier, VOLT. Henr. I.XIIIe s.• C'est l'amor qui vient de fortune, Qui s'esclipse comme la lune, Que la terre obnuble et enumbre, la Rose, 4800.XVe s.• De vivre toute policie.... lors estoit toute esclipcie, S'Aristote n'y eust ouvré, Qui a, par son sens, recouvré Le peuple de vivre à raison, EUST. DESCH. Poés. mss. dans LACURNE.• Lune et soleil seront souvent esclipst, ib..XVIe s.• Il advint que le soleil eclipsa soudainement, et le jour faillit, AMYOT Péricl. 67.Éclipse ; provenç. eclipsar, eclipciar ; espagn, eclipsar ; ital. ecclissare.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.