- échiquier
- (é-chi-kié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des é-chi-kié-z ornés) s. m.1° Table divisée en carrés alternativement blancs et noirs, sur laquelle on joue aux échecs et aux dames.Fig. Champ de bataille.• L'empereur alors dit à Belliard que rien n'était encore assez débrouillé ; que, pour faire donner ses réserves, il voulait voir plus clair sur son échiquier, SÉGUR Hist. de Nap. VII, 10.En échiquier, loc. adv. Par carrés alternés.• En forme d'échiquier les plats rangés sur table, RÉGNIER Sat. X..On dit que des arbres sont plantés en échiquier, lorsque, représentant plusieurs carrés, ils offrent des lignes droites, de quelque côté qu'on les regarde, c'est-à-dire lorsqu'ils sont plantés à tous les angles des carrés d'un échiquier tracé fictivement sur le terrain.Terme de menuiserie. Espèce de compartiment composé de carrés disposés parallèlement aux côtés de l'ouvrage.2° Terme de blason. Se dit de l'écu divisé en plusieurs carrés, les uns de métal et les autres de couleur.En échiquier, voy. échiqueté.3° Ordre particulier de marche des vaisseaux qui naviguent de conserve.Terme militaire. Position de troupes ainsi nommée parce qu'elle a quelque ressemblance avec les cases de la table du jeu d'échecs. Former l'échiquier. Disposer en échiquier.4° Abaque ou table à compter, dont on se servait pour la perception des impôts.Assemblée des hauts justiciers de Normandie, érigée en parlement par Louis XII en 1499. Et ayant eu l'honneur [Alençon] d'avoir été longtemps l'apanage de l'un des enfants de France, en laquelle pour cette considération soulait être l'échiquier souverain du pays qui fut supprimé et uni à notre parlement de Rouen par le décès de François duc d'Alençon, en l'an 1584 seulement, Édit, mai 1636.5° En Angleterre, juridiction qui règle toutes les affaires des finances. La cour de l'échiquier. Le chancelier de l'échiquier.Billets de l'échiquier, nom des bons du trésor en Angleterre.Trésor.• Cette madone [N., -D., de Lorette] plus riche qu'aucun roi de la terre, car il ne sort jamais un schelling de son échiquier, VOLT. Phil. V, 371.6° Terme de pêche. Grand filet carré soutenu par deux demi-cerceaux et attaché au bout d'une longue perche.Espèce de patron sur lequel les vitriers prennent leurs mesures.7° Nom vulgaire d'une espèce du genre hespérie, papillon diurne.XIIe s.• Adoniram fud maistre del eschekier [trésor] e de receivre les treüz [tributs], Rois, p. 238.XIIIe s.• Au chief du palés d'une part S'asist Ysengrin et Renart, Devant eus deus un eschiquier, Ren. 28941.• Sur un bon lit [elle] s'est apuiée ; La coilte [couette] fu à eschekers De deux pailles ben faiz et chers, Lai del desiré.• Moult [il] lui a prié au premier D'à lui juer à l'eskekier, Fl. et Bl. 2215.• La soussele est d'un paile cier [cher], Très bien ovrée à eskekier, ib. 1179.XVe s.• L'on apele eschiquier [en Normandie] assemblée de hautes justices, auxquiex il appartient à corriger et à amender ou à faire amender tout ce que les baillis et les autres meneurs [moindres] justiciers ont malement jugé, DU CANGE scacarium..• Un grand echiquier garny d'argent doré, et sont les echecs de jaspre et de cristal, Lett. pat. 14 janv. 1414.Échecs ; provenç. escaquier ; ital. scacchiere. Quant à la signification de échiquier, pour cour de finance, trésor, elle vient de ce que cette cour tenait ses séances avec une table recouverte d'un tapis divisé en carreaux comme un échiquier. C'est ainsi que bureau, étoffe, a pris le sens de table sur laquelle on écrit, et d'office où l'on expédie les affaires.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREÉCHIQUIER. Ajoutez : - REM. Il y a à Londres un grand et un petit échiquier ; le Grand Échiquier est ce qu'on appelle en France Chambre des Comptes ; le Petit Échiquier est le Trésor royal.... , P. GIRAUDEAU, la Banque rendue facile, in-4°, Paris, 1769, p. 173. Actuellement, la Cour de l'Échiquier, qui est divisée en deux tribunaux, connaît des droits et des revenus de la couronne. La Chambre de l'Échiquier est un haut tribunal qui reçoit les appels contre les décisions de la Cour de l'Échiquier.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.