- ébaucher
- (é-bô-ché) v. a.1° Terme de peinture et de sculpture. Disposer, en commençant un ouvrage, les masses et les parties principales.Fig.• Mais, pour mon frère l'ours, on ne l'a qu'ébauché, LA FONT. Fabl. I, 7.Terme de menuiserie. Ébaucher le bois, le dégrossir.Terme de cordier. Nettoyer le chanvre en le passant dans l'ébauchoir.2° Préparer, commencer.• On va bientôt, madame, achever à vos yeux, Ce qu'ébauche par là votre abord en ces lieux, CORN. Tois. d'or, V, 2.• Et l'amour, qui m'apprend le faible des amants, Unit vos plus doux voeux à mes ressentiments, Pour me faire ébaucher ma vengeance en Plautine, Et l'achever bientôt par sa propre ruine, CORN. Othon, IV, 5.• Mes secours en Judée achevèrent l'ouvrage, Qu'avait des légions ébauché le suffrage, CORN. Tit. et Bér. III, 5.3° Donner une idée d'une chose.• Pour épargner un plus long détail des recherches géométriques de M. Bernoulli, il suffira d'ébaucher ici l'idée de la théorie des courbes qui roulent sur elles-mêmes, FONTEN. Bernoulli..4° S'ébaucher, v. réfl. Être ébauché, préparé. Pendant que ce travail s'ébauchait.On lit dans Chateaubriand : Les lèvres d'Akansie ébauchèrent un sourire d'admiration et de gratitude, Natch. III, 114. Cette figure ne paraît pas correcte. Dirait-on ébaucher un clin d'oeil, un bâillement ?XVe s.• Huet, prend cette pierre bise, Sy l'esboche à ton grant martel, Mir. de sainte Gen.XVIe s.• Celui qui opine le premier doit esbaucher tous les poincts principaux, CONDÉ Mémoires, p. 558.• Ma consultation esbauche un peu la matiere, et la considere legierement par ses premiers visages, MONT. IV, 51.Es- préfixe, et bauche, sorte de mortier à bâtir : tirer de la bauche, préparer, dégrossir. Cependant il y a l'italien sbozzo, ébauche, qui vient de bozza, bozzo, bloc de pierre ; cela va très bien pour le sens avec ébauche, ébaucher ; moins bien pour la forme, quoiqu'on trouve l'orthographe esbocher ; mais les autres composés débaucher, em-baucher conviennent bien mieux à bauche ou bauge qu'à l'italien bozzo ou bozza. Toutefois il n'est pas impossible qu'il y ait eu confusion de deux radicaux, l'un français, bauche ou bauge ; l'autre italien, bozza, bozzo.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.