- zéro
- (zé-ro) s. m.1° Terme d'arithmétique. Chiffre en forme d'O, qui de lui-même ne marque aucun nombre, mais qui, étant mis à la droite des autres, indique qu'ils prennent une valeur dix fois plus forte. Un 2 et trois zéros font deux mille [2000].• Le zéro n'est pas du même genre que les nombres, parce qu'étant multiplié, il ne peut les surpasser ; de sorte que c'est un véritable indivisible de nombre, comme l'indivisible est un véritable zéro d'étendue, PASC. Géom. 1.Je ne veux pas qu'il y manque un zéro, je ne veux pas qu'il y manque rien.• Le logis sera magnifique ; je ne veux pas qu'il y manque un zéro : je le ferais plutôt abattre deux ou trois fois, LESAGE Turcaret, III, 4.Sa fortune est réduite à zéro, elle est réduite à rien, elle est complétement dissipée.Fig. Ajouter des zéros à un compte, l'amplifier, comme les zéros multiplient un nombre.• Combien un financier, pour être en équipage, De zéros criminels remplit-il une page?, BOURSAULT Fabl. d'És. IV, 3.Fig.• Toutes les fois que quelqu'un se met d'humeur à faire quelque conte, il ne manque jamais d'y ajouter quelques zéros de sa façon, pour en dire toujours plus qu'il n'y en a, et jamais moins, LESAGE Guzm. d'Alf. I, 1.Fig. Tout est zéro, rien ne vaut.• Rien n'est plus propre à me consoler des misères de cette vie, que de songer continuellement que tout est zéro, VOLT. Lett. Messance, 1777.Fig. C'est un zéro, un vrai zéro, un zéro en chiffre, se dit d'un homme qui n'est d'aucune considération.• Ce chef de parti [Conti] était un zéro, qui ne multipliait que parce qu'il était prince du sang, RETZ II, 217.• Et qui ne sert de rien à la chose publique, Ne vaut pas un zéro qui n'a rien devant soi, BOURSAULT Lett. nouv. t. III, p. 393, dans POUGENS.• Ses ministres [du roi d'Angleterre] le regardaient comme un zéro, SAINT-SIMON 486, 39.• Je vois l'Académie où vous êtes présente : Si je vous plais, mon sort est assez beau ; Nous aurons à nous deux de l'esprit pour quarante, Vous comme quatre, et moi comme zéro, BOUFFLERS Madrigal.(à une dame qui lui avait demandé pourquoi il n'était pas de l'Académie).Des grammairiens ont prétendu qu'il fallait dire non zéro en chiffre, mais zéro sans chiffre. Il est de fait qu'un zéro sans chiffre n'a aucune valeur, et que, mis avec des chiffres, un zéro les multiplie ; mais, dans cette locution, en chiffre signifie simplement dans la numération.2° Point qui correspond à la température de la glace fondante dans le thermomètre de Réaumur et dans le thermomètre centigrade. Le thermomètre est descendu à zéro.• Si le rayonnement des astres donnait à tous les points de l'espace planétaire la température d'environ 40 degrés au-dessous de zéro, FOURIER Instit. Mém. scienc. t. VII, p. 398.Zéro absolu, terme imaginaire, fiction mathématique commode à employer dans la mise en opération et le calcul des problèmes de la thermodynamique. On suppose que, à - 272°, un gaz incoercible et parfait n'exerce plus de pression sur le vase qui le renferme, que par son propre poids ; sa force vive est nulle.3° En général, point d'où l'on part pour compter les degrés.Fig.• Il y a des profondeurs où l'on approche du zéro de la vie animale, par exemple dans la Méditerranée, à environ 230 brasses, HUGARD Manuel de géologie élém. de Lyell, t. I, p. 58.4° Terme de musique. Signe qui, mis au-dessus d'une note, dans une partie d'instrument à cordes et à manche, indique que cette note doit être touchée à vide.Il faut dire deux zéro, deux un, deux quatre.... et non pas deux zéros, deux uns, deux quatres, Acad. Observ. sur Vaugel. p. 4, dans POUGENS. Cette décision n'a pas prévalu ; et avec raison on marque le pluriel par l's.XVIe s.• Se réduire au zéro, COTGRAVE .Génev. zère ; espagn. cero ; ital. zero. L'ital. zero est une altération de zefiro, déjà constatée en italien dans l'ouvrage de Philippe Calender sur l'arithmétique, Florence, 1491. Zefiro est l'arabe cifron, nom du zéro, signifiant vide et zéro. Zéro et chiffre sont le même mot ; il est curieux de constater ainsi deux formes se différenciant pour signifier des choses très différentes.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.