- végéter
- (vé-jé-té. La syllabe gé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je végète, excepté au futur et au conditionnel : je végéterai, je végéterais) v. n.1° En parlant des arbres et des plantes, se nourrir et croître.• Tout ce qui a vie dans la nature vit sur ce qui végète ; et les végétaux vivent, à leur tour, des débris de tout ce qui a vécu et végété, BUFF. Quadrup. t. I, p. 171.• Tout naît, végète, et meurt pour végéter encore, DELILLE Trois reg. VII.Fig.• Le peu de minutes qui me restent encore à végéter entre le mont Jura et les Alpes, VOLT. Lett. au roi de Pr. 19 mars 1773.2° Fig. Vivre dans l'inaction ou dans une situation gênée.• Près du trône si tu grandis, Si je végète sans puissance...., BÉRANG. Deux cousins..Ne faire plus que végéter, n'avoir presque plus l'usage de ses facultés intellectuelles. Il est bien âgé, il ne fait que végéter.3° Fig. Vivre sans intérêt, sans mouvement, sans émotions.• Je ne tiens plus à rien ; il ne me reste plus qu'à végéter, Mme DU DEFFANT. Lett. à H. Walpole, t. II, p. 174, dans POUGENS.• On ne vit qu'à Paris et l'on végète ailleurs, GRESS. le Méch. III, 9.• Si on a des passions vives, on s'égare ; si l'on n'en a point, on végète, GENLIS Veillées du château p. 80, dans POUGENS.XVIe s.• Je confesse bien que petit feu de paille la vegete et rejouit [la salamandre], mais...., RAB. Pant. III, 52.• Outre ce qu'il [le soleil] esclaire tout le monde de sa lueur, quelle vertu est-ce de nourrir et vegeter par sa chaleur tous animaux ?, CALVIN Instit. 133.Provenç. vegetar, croître ; espagn. vegetar ; ital. vegetare ; du lat. vegetare, donner le mouvement, augmenter, fortifier, et aussi au sens neutre de croître, se développer dans la latinité postérieure (voy. quicherat, Addenda). Au XVIe siècle il n'a que l'emploi latin de fortifier, faire croître.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREVÉGÉTER. Ajoutez : - REM. Comme végéter s'emploie figurément, pour vivre dans une situation malaisée, il n'est pas rare de voir cette expression employée en parlant de plantes qui poussent mal, mais auxquelles pourtant on ne peut rien demander de plus que de végéter. Végéter est bien employé dans l'exemple suivant : On se trouve dans un vestibule assez vaste garni de tapis ; deux rangées d'arbustes verts y végètent été comme hiver, les Jeux en France, 1 vol. in-8°, 1871, Paris, Ch. Schiller, p. 79, si tant est que l'auteur n'ait pas voulu dire que ces arbustes verts poussent mal. Il est évident que végéter pour vivre mal ne peut se dire des végétaux.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.