- vocation
- (vo-ka-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.1° Action d'appeler, qui ne se dit qu'au figuré et en parlant des appels que Dieu fait à l'homme.• Jésus-Christ n'a point voulu du témoignage des démons, ni de ceux qui n'avaient pas vocation, mais de Dieu et de Jean-Baptiste, PASC. Pens. XXIV, 23 bis, édit. HAVET..• Il pose les fondements de son Église par la vocation de douze pêcheurs, BOSSUET Hist. II, 6.• C'est dans la vocation qui nous prévient et dans la persévérance finale qui nous couronne, que la bonté qui nous sauve paraît toute gratuite et toute pure, BOSSUET Duch. d'Orl..• Vocation peu sincère qu'ils [les auteurs de la réforme] attribuaient à Dieu, lorsqu'il appelait, à l'extérieur, ceux que, dans le fond, il avait exclus de sa grâce, les prédestinant au mal, BOSSUET Var. XIV.Terme de l'Écriture. La vocation d'Abraham, le choix que Dieu fit de ce patriarche pour être le père des croyants.• Les fausses divinités se multipliaient : et c'est ce qui donna lieu à la vocation d'Abraham, BOSSUET Hist. I, 2.La vocation des gentils, la grâce que Dieu leur a faite en les appelant à la connaissance de l'Évangile.• Il [Dieu] lui découvre [à saint Paul] le secret profond de la vocation des gentils, BOSSUET Hist. II, 7.• La vocation des gentils substitués à la place d'un peuple autrefois si chéri et si privilégié, ROLLIN Traite des Ét. v, 2e part. I, 1.2° Ordre extérieur de l'Église par lequel les évêques appellent au ministère ecclésiastique ceux qu'ils en jugent dignes. La vocation extérieure.• Il ne suffit pas d'avoir la saine doctrine, et il faut outre cela de deux choses l'une : ou des miracles pour témoigner une vocation extraordinaire de Dieu, ou l'autorité des pasteurs qu'on avait trouvés en charge, pour établir la vocation ordinaire et dans les formes, BOSSUET Var. I, 28.Il se dit dans le même sens chez les protestants.• Les oppositions qu'il [Jurieu] a faites à la vocation de M. Basnage pour ministre ordinaire de cette ville [Rotterdam]...., BAYLE Lett. à Minutoli, 27 août 1691.3° Mouvement intérieur par lequel Dieu appelle une personne à quelque genre de vie.• Il ne faut pas examiner si on a vocation pour sortir du monde, mais seulement si on a vocation pour y demeurer, PASC. Lett. à Mlle de Roannez, 9.• Un état qui est établi de Dieu est de la vocation de Dieu, c'est-à-dire qu'il y en a plusieurs que Dieu destine à cet état, BOURDAL. Pensées, t. I, p. 77.• C'est que rien n'a tant de rapport au salut que la vocation à un état, et que souvent c'est à l'état qu'est attachée toute l'affaire du salut, BOURDAL. Domin. 1er dim. après l'Épiph. Devoir des pères envers leurs enfants, p. 15.Particulièrement. Mouvement intérieur par lequel on se sent porté à la vie religieuse.• La princesse Bénédicte, la plus jeune des trois soeurs, fut la première immolée à ces intérêts de famille.... malgré une vocation si peu régulière, la jeune abbesse devint un modèle de vertus, BOSSUET Anne de Gonz..• La peur de m'en repentir [d'être entrée au couvent] m'a fait passer par-dessus des mouvements que mille autres auraient appelés vocations, MAINTENON Lett. à l'abbé Gobelin, 1676, t. II, p. 51, dans POUGENS..• Si l'on ne le voyait de ses yeux, pourrait-on jamais s'imaginer l'étrange disproportion que le plus ou le moins de pièces de monnaie met entre les hommes ? ce plus ou ce moins détermine à l'épée, à la robe ou à l'Église : il n'y a presque point d'autre vocation, LA BRUY. VI.• Religieuse sans vocation, elle chercha un amusement convenable à son état, Mme DE CAYLUS Souvenirs, p. 95, dans POUGENS.4° Un certain ordre des choses auquel on doit se conformer. La vocation de l'homme est d'être utile à ses semblables.• Elle [Marie-Thérèse] suivit sa vocation ; et jamais vie ne fut plus pure, FLÉCH. Mar.-Thér..• On ne travaille que pour jouir ; cette alternative de peine et de jouissance est notre véritable vocation, J. J. ROUSS. Hél. IV, 11.• Les femmes n'ont d'autre vocation parmi nous que les devoirs domestiques, STAËL Corinne, XIV, 1.5° Inclination que l'on se sent pour un état. Une vocation contrariée. Il se sent de la vocation pour le commerce, pour le barreau.• Un rien détermine souvent la vocation d'un écrivain, D'OLIVET Hist. Acad. t. II, p. 150, dans POUGENS.• Granville : Te souvient-il, mon cher, qu'autrefois dans la classe Tu te mêlais déjà de déclamation ? Ton instinct t'y portait - Belrose : Dis ma vocation, C. DELAVIGNE Coméd. I, 4.6° Disposition, talent. Il a une vocation décidée pour la peinture.• La petite d'Heudicourt est jolie comme un ange ; elle a été de son chef huit ou dix jours à la cour, toujours pendue au cou du roi ; cette petite avait adouci les esprits par sa jolie présence : c'est la plus belle vocation pour plaire que vous ayez jamais vue ; elle a cinq ans ; elle sait mieux la cour que les vieux courtisans, SÉV. 4 déc. 1673.XIVe s.• Les vocations [appels en justice] et les citations, Chron. de St-Denys, t. II, f° 193, dans LACURNE.XVe s.• Guillaume Erambourt doubtant que le mary de sa fille ne s'aperceust de telles vocations [appels, signes], DU CANGE vocatio..XVIe s.• Jesus Christ, au commencement de sa predication, n'a pas voulu faire ouverture aux gentils, mais a differé leur vocation, CALV. Instit. 350.• Mesme Jesus-Christ ne s'y est point ingeré soymesme, mais a obei à la vocation de son pere, CALV. ib. 1155.• Les peres en ceci ne peuvent mieux pourvoir, que d'aviser de quelle profession ils veulent que leurs enfants soyent, à fin d'accommoder les estudes à la vocation, LANOUE 122.• Ils font d'une telle profession [la guerre] (qui doit estre comme extraordinaire) une vocation perpetuelle, laquelle ils exaltent par dessus toutes autres, LANOUE 479.• L'une et l'autre [déclaration], après avoir declarée illégitime la vocation [des états], remettoient les diferens de l'Eglise à un concile, D'AUB. Hist. III, 276.• Des personnages qui tiroient d'escrire et leurs tiltres et leur vocation [à qui le talent d'écrire formait titres etvocation], MONT. I, 288.Provenç. vocatio ; espagn. vocacion ; ital. vocazione ; du lat. vocationem, de vocare, appeler (voy. voyelle).SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREVOCATION. Ajoutez :7° Terme de droit. Vocation testamentaire, droit conféré par un testament.• Qu'elle [la testatrice] avait non pas entendu soumettre la vocation des seconds institués à un cas spécial et déterminé, mais.... qu'il s'agit de décider si la vocation au legs universel s'est ouverte pour les mineurs, Gaz. des Trib. 18 nov. 1874, p. 1105, 3e col..• Les substitués qui n'ont à invoquer aucune vocation testamentaire immédiate n'ont ni titre, ni qualité pour se porter héritiers bénéficiaires, ib. 20 déc. 1876, p. 1227, 2e col..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.