- viager
- viager, ère(vi-a-jé, jè-r') adj.1° Qui est à vie, qui ne doit durer qu'autant que la vie.• La duchesse de Lesdiguières laissa 6000 livres viagères à la soeur de Vertamont, SAINT-SIMON 434, 31.• Il me semble que je vous avais conseillé de vivre, uniquement pour faire enrager ceux qui vous payent des rentes viagères ; pour moi, c'est presque le seul plaisir qui me reste, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 23 avr. 1754.• Il veut me faire une pension viagère, et je ne m'y oppose pas, J. J. ROUSS. Conf. II.• On doit entendre par rentes viagères celles qui restent entièrement éteintes à la mort de ceux sur qui elles sont constituées, Décret du 23 flor. an II, Rapp. Cambon, p. 89.• Afin de régler d'une manière équitable le taux de l'intérêt viager, ib..• La réflexion très simple que nos besoins durent autant que notre vie et finissent avec elle a fait naître sans doute l'idée des rentes viagères, ib..Fig.• Ceux-ci, pour assurer leur gloire viagère, Dévouant au faux goût leur Apollon vulgaire, De la philosophie arborent les drapeaux, GILB. Mon apologie..2° Il se dit de ceux qui ont des rentes viagères.• La majeure partie des rentiers viagers de la république, Décret du 23 flor. an II, Rapport Cambon, p. 94.3° S. m. Le viager, revenu viager.• La conversion du viager en perpétuel, Décret du 23 flor. an II, Rapp. Cambon, p. 94.• Tout mon bien est en viager, A. DUVAL Mais. à vendre, sc. 3.• Je ferai couper mes bois, démolir mes bâtiments, je placerai tout en viager, PICARD Vieille tante, IV, 3.Fig.• En viager sur un coeur si fidèle Plaçons gaiement l'argent de mon tombeau, BÉRANG. Mon Tomb..XVIe s.• Douairiere doit entretenir les lieux de toutes reparations viageres qu'on dit d'entretenement, LOYSEL 153.• Le viager [l'usufruitier] conserve la possession du proprietaire, LOYSEL 742.Anc. franç. viage, cours de la vie, revenu viager, comme on voit par ce passage d'E. Deschamps : Nous veons souvent que li saige Font leur acquest à heritaige ; Et li aver [avares] le font à vie ; Le premier tiennent leur linaige, Eulx trespassés ; mais le viage Se depart quant li homs desvie ; Ses hoirs n'y succederont mie, Poésies mss. f° 90. Malgré le sens de vie que contient le mot viage, ce n'est pas autre chose que le lat. viaticum, pris métaphoriquement (voy. voyage).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.