- vergogne
- (vèr-go-gn') s. f.Terme autrefois très noble et qui aujourd'hui est devenu familier. Honte.• Et moi, pouvant parler, j'ai parlé, misérable, Pour lui faire vergogne [à Jésus] et le désavouer, MALH. I, 4.• Quand un roi fainéant, la vergogne des princes, Laissant à ses flatteurs le soin de ses provinces, Entre les voluptés indignement s'endort, MALH. II, 1.• La France.... S'est faite aujourd'hui si tragique, Qu'elle produit ce que l'Afrique Aurait vergogne d'avouer, MALH. II, 4.• Vergogne n'est plus guère bon que dans le bas style ; c'est ainsi que M. Patru, Molière et M. de la Fontaine s'en sont servis, VAUGEL. Nouv. Rem. obs. de M***, p. 331, dans POUGENS.• Vole en Pologne ; Arrachons un peuple au trépas ; Que nos poltrons en aient vergogne, BÉRANG. Hâtons-nous..XIe s.• Dist Oliviers : vergoigne sereit grant, Ch. de Rol. CXXVII.XIIIe s.• Quant la dame s'oït si ramposner, Vergoigne [elle] en ot, si dit par felonie...., QUESNES Romanc. p. 108.• Et quantli autre chevalier oïrent ce, si en douterent moins la honte et vergoingne, VILLEH. CXXXIX..XVe s.• [Aymon de Pommiers] prit ce fait [l'exécution de son neveu] à grant vergogne, et jura que jamais pour le roi d'Angleterre ne s'armeroit, FROISS. II, II, 2.XVIe s.• Celles qui sont extraites de noble sang, ont plus de vergogne de choses mal honestes que n'ont pas les autres, AMYOT Cat. 40.• Mordre en riant les uns les autres, comme font aucuns, qui se bagnent quand ils peuvent faire vergongne à quelqu'un, CALV. Inst. 309.Bourg. vargogne ; prov. vergonia, vergonha ; catal. vergonya ; portug. vergonha ; it. vergogna ; du lat. verecundia, de vereri, révérer, et le suffixe cundus. Il y avait aussi la forme vergonde.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREVERGOGNE. - ÉTYM. Ajoutez : L'orthographe verecunnia se trouve dans les graffites de Pompéi (GARRUCCI, Graff. pomp. 28, 52) ; et vergondus est dans MURATORI, 1692, 3, à Vérone, en 720.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.