- vaisselle
- (vè-sè-l') s. f.1° Terme collectif. Plats, assiettes, et tout ce qui sert à l'usage de la table. Vaisselle de porcelaine.• J'y trouvai [dans la rue, pendant un incendie] M. et Mme de Guitaut quasi nus.... la petite de Vauvineux qu'on portait tout endormie chez l'ambassadeur, plusieurs meubles et vaisselles d'argent qu'on sauvait chez lui, SÉV. 20 févr. 1671.• Curius et Fabrice, ces grands capitaines qui vainquirent Pyrrhus, un roi si riche, n'avaient que de la vaisselle de terre, BOSSUET Hist. III, 6.• Le roi vendit pour quatre cent mille francs de vaisselle d'or ; les plus grands seigneurs envoyèrent leur vaisselle d'argent à la Monnaie, VOLT. Louis XIV, 21.• Les Suisses connaissaient si peu la valeur d'un si riche butin [sur le duc de Bourgogne, après la bataille de Granson], qu'ils prirent la vaisselle d'argent pour de l'étain, et la vendirent au plus vil prix, DUCLOS Oeuv. t. III, p. 100.• [à Rome] un sénatus-consulte défendit de servir sur les tables de la vaisselle d'or ; il en borna l'usage aux temples et aux cérémonies sacrées, PASTORET Instit. Mém. inscr. et belles-lettr. t. VII, p. 128.Vaisselle plate, celle qui est sans soudure, comme les plats et les assiettes ; vaisselle montée, celle dont les parties sont soudées, telle que les flambeaux, salières, sucriers.• 845 marcs de vaisselle plate prisée à 28 livres le marc, soit, 23 667 livres ; et 689 marcs de vaisselle montée, à 27 livres le marc, soit 15 681 livres, en tout 39 358 livres, Lett. etc. de Colbert, VII, 388.Aujourd'hui, particulièrement, vaisselle plate, plats et assiettes d'argent, à la différence de la vaisselle de porcelaine, de faïence, etc.Fig. Fondre la vaisselle de quelqu'un, le ruiner.• Je laissai la première [femme] à Séville, occupée à fondre la vaisselle d'un petit marchand orfèvre, LESAGE Gil Blas, VII, 7.Fig. On a remué sa vaisselle, se dit de quelqu'un chez qui on a fait une saisie.2°• Dans le moyen âge, vaisselle répond à l'idée qu'on se faisait encore, il y a soixante ans, du mot argenterie, c'est-à-dire une partie assez considérable de la fortune, qui flattait la vanité en temps prospère, et, en toutes circonstances, grandes et petites, parait aux difficultés pécuniaires, DE LABORDE Émaux, p. 531.3° Populairement. Vaisselle de poche, argent.XIVe s.• Les escuyers de cuisine et leurs aides recouvreront [reprendront] la vaisselle, Ménagier, II, 4.• Et vaisselle d'argent et d'estain bien ouvré, Guesclin. 19518.XVe s.• Draps, joyaux, vaisselle d'or et d'argent, et toutes autres richesses dont ils avoient grand foison...., FROISS. I, I, 272.• Au milieu d'icelle salle a esté fait un grant dreçoir pour parer et aorner de vaisselle.... et pour servir es autres jours ont esté faiz autres deux dreçoirs à l'un des costez de ladite salle pour semblablement mettre vaisselle de parement, DE LABORDE Émaux, p. 532.XVIe s.• Y eust deux. longues tables couvertes d'onze à douze cens pieces de vaisselle de faënze, plaines de confitures seches et dragées de toutes sortes, accommodées en chasteaux, piramides, plateformes et autres façons magnifiques ; la plupart de laquelle vaisselle fut rompue et mise en pieces par les pages et laquais de la cour, comme ils sont d'insolente nature, qui fut une grande perte, car toute la vaisselle estoit excellemment belle, Mém. de l'Estoile, Description de la collation donnée au roi par le cardinal de Birague, dans DE LABORDE, Émaux, p. 532.• Il [le roi Cotys] paya liberalement la belle et riche vaisselle qu'on lui avoit presentée ; mais, parce qu'elle estoit sigulierement fragile, il la cassa incontinent luy mesme, pour s'oster de bonne heure une si aysée matiere de courroux contre ses serviteurs, MONT. IV, 162.Picard, vaché. Vaisselle représente le pluriel neutre latin vascella, pris au féminin singulier, comme merveille de mirabilia, et plusieurs autres (voy. vaisseau). L'ancienne langue disait plus souvent vaisselmente.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREVAISSELLE. Ajoutez :4° Vaisselle vinaire, cuves, tonneaux, etc.• Villeneuve [Hérault] n'a pas été épargnée ; les bas quartiers ont été submergés ; la vaisselle vinaire, actuellement mise en usage dans presque tout notre département, a été emportée par le torrent..., Messager du Midi, dans Gaz. des Trib. 16 sept. 1875, p. 895, 4e col..XVIe s. Ajoutez :• La loy des monnoyes d'argent estoit tousjours esgale à la loy des orfevres, tellement qu'on ne pouvoit rien perdre en la vaisselle que la façon, ce qui nous est encore demeuré en commun proverbe : c'est vaisselle d'argent, on n'y pert que la façon, JEAN BODIN Discours sur le rehaussement et diminution des monnoyes, Paris, 1578, feuille tjjj (il n'y a pas de pagination)..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.