- usure
- (u-zu-r') s. f.1° Proprement, toute espèce d'intérêt que produit l'argent.• Vous ne prêterez à usure à votre frère ni de l'argent, ni du grain, ni quelque autre chose que ce soit, mais seulement aux étrangers, SACI Bible, Deutéron. XXIII, 19.• Socin et les autres disent que l'usure n'est pas un péché selon les lois chrétiennes ; en quoi il faut avouer qu'ils ne dégénèrent pas de la doctrine commune des protestants, BOSSUET 6e avertiss. sur les lettres de Jurieu.• La loi des Douze Tables défendait de porter l'usure plus haut qu'à douze pour cent, ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. x, p. 204, dans POUGENS.• [à Rome] l'usure onciaire signifia un pour cent par an ; l'usure ex quadrante signifia trois pour cent par an ; l'usure ex triente, quatre pour cent par an ; l'usure semis, six pour cent par an, MONTESQ. Déf. Espr. lois, part. 2.2° Par extension, profit qu'on retire d'un prêt au-dessus du taux légal ou habituel.• Vous savez que la plus grande peine que l'on ait avec eux [les gens d'affaires] est de les détourner de l'usure, PASC. Prov. VIII.• La pauvreté et l'incertitude des fortunes dans les États despotiques y naturalisent l'usure, MONTESQ. Espr. v, 15.• Une usure affreuse toujours foudroyée et toujours renaissante s'établit à Rome, MONTESQ. ib. XXII, 21.• L'usure augmente à proportion du péril de l'insolvabilité, MONTESQ. ib. XXII, 19.• La petite Église de Calvin qui fait consister la vertu dans l'usure et dans l'austérité des moeurs, VOLT. Lett. d'Argence, 20 janv. 1761.Fig. Avec usure, en rendant plus qu'on n'a reçu.• Notre affection Ajoute avec usure à la perfection, RÉGNIER Sat. II.• Souviens-toi que le mien [esprit] ne reçoit point d'injure Qu'il ne rende aussitôt avec beaucoup d'usure, TRISTAN Marianne, II, 3.• Babylone paya nos pleurs avec usure, RAC. Esth. III, 4.• Le champ qui les reçut [la chaleur des jours et la fraîcheur des jours], les rend avec usure, RAC. Athal. I, 4.• La terre le payait de ses peines avec usure, et ne le laissait manquer de rien, FÉN. Tél. XXI.3° Détérioration par suite d'un long usage. L'usure des habits.Se dit en hippiatrie. Usure des dents, des fers.4° Terme de pathologie. Atrophie, avec résorption complète, de la substance des dents, des cartilages ou des os pressés par certaines tumeurs, ou usés par le frottement.XIIIe s.• Si comme s'il emprunte à uzures por le [la] defaute de paiement, BEAUMANOIR XXXV, 14.• Usure si est quant aucuns preste denier por autres à termes ou à semaines...., BEAUMANOIR LXVIII, 2.XIVe s.• Laquelle debte se estoit multipliée par usures, BERCHEURE f° 35, verso..• Se lesdiz habitans ou aucun d'eulz devoient aucunes autres rentes, usures ou droitures..., DU CANGE usaria..XVIe s.• Quiconque donne aux poures preste à Dieu à usure, CALV. Instit. 652.• En vain seroient-ils [les prêtres] en office, s'ils ne s'en acquitoient au benefice de ceux qui doyvent recevoir d'eux l'usure des talens spirituels que Dieu leur a communiqués, c'est à dire saine doctrine, LANOUE 533.Provenç. espagn. et ital. usura, du lat. usura, de usum, supin de uti, se servir.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.