- urne
- (ur-n') s. f.1° Chez les anciens, grand vase à puiser de l'eau.• L'urne aux flancs arrondis se durcit dans le feu, DELILLE Imag. v..• [Hylas] s'appuyant à la rive penchante, Dans le cristal sonnant plonge l'urne pesante, A. CHÉN. Idylles, Hylas..2° Chez les anciens, vase qui servait à renfermer les cendres des morts.• A-t-il reçu de toi les honneurs du bûcher ? Cette urne que je tiens contient-elle sa cendre ?, CORN. Pomp. v, 1.• On mit hier avec pompe mes cendres dans une urne d'or, FÉN. Tél. XVIII.• Pour celui qui a les regards attachés sur l'urne de sa femme ou de sa fille, est-il rien de plus importun que la présence de celui qui rit ?, DIDER. Cl. et Nér. II, 19.• Les Romains consacraient un grand espace et des édifices assez vastes à l'urne funéraire de leurs amis ou de leurs concitoyens illustres, STAËL Corinne, v, 1.On étend quelquefois la dénomination d'urne à certains sarcophages dont la forme n'a qu'un rapport fort éloigné avec celle des vases en général.Quelques antiquaires l'appliquent même à tout ce qui a renfermé les restes des morts.Urne se dit aussi chez les modernes, par figure, bien qu'on n'enferme plus les restes des morts dans des urnes.• Si de ton nom pourtant tu veux l'entretenir [le coeur qui t'aime], Grave ces simples mots sur ton urne à venir, LAMART. Harm. II, 12.3° L'urne était chez les anciens un vase dans lequel on recueillait les suffrages. On représente Minos, juge des enfers, avec une urne à la main.• Où me cacher ? fuyons dans la nuit infernale ; Mais que dis-je ? mon père [Minos] y tient l'urne fatale, RAC. Phèdre, IV, 6.Il se dit, chez les modernes, en un sens analogue, de la boîte dans laquelle on recueille les votes. L'urne électorale.4° Vases sur lesquels sont appuyées les figures des dieux et des déesses, des fleuves et des fontaines.• Les Grecs ont mis une urne dans les mains du Verseau, BAILLY Hist. astr. anc. p. 497.• On y voyait le poëte [Homère] représenté sous la figure d'un grand fleuve, où d'autres fleuves venaient remplir leurs urnes, CHATEAUBR. Mart. liv. I.5° Dans le langage des archéologues, toute poterie trouvée dans les fouilles.6° Vase de porcelaine, de faïence, qui a la forme d'une urne antique.7° Terme de botanique. Sporange des mousses couvert par un opercule qui, à la maturité, s'en sépare par une fente transversale.8° Un des noms donnés à la constellation appelée la Coupe.9° Urne épineuse, coquille du genre volute.Lat. urna, urne.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREURNE.Ajoutez :10° Vider les urnes, s'est dit, à un certain moment du langage révolutionnaire, pour vider les verres.• Après que chaque partie du programme [d'une fête en l'honneur de Marat] est accomplie, il est prescrit, dans le style étrange de l'époque, de vider les urnes, ce qui veut dire de vider les verres, H. BAUDRILLART Rev. des Deux-Mondes, 1er juillet 1872, p. 126.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.