- téméraire
- (té-mé-rê-r') adj.1° Hardi jusqu'à l'imprudence.• Ainsi donc un sujet téméraire A si peu de respect et de soin de me plaire, CORN. Cid, II, 6.• Contrariétés : l'homme est naturellement crédule, incrédule, timide, téméraire, PASC. Pens. VIII, 15, éd. HAVET..• Ne pensez pas que je veuille, en interprète téméraire des secrets d'Etat, discourir sur le voyage d'Angleterre, BOSSUET Duch. d'Orl..• Une téméraire jeunesse se jetait sans étude et sans connaissance dans les charges de la robe, FLÉCH. le Tellier..En un sens particulier. Entreprenant auprès des femmes.• Émile aime ; il n'est donc pas téméraire, J. J. ROUSS. Ém. V.Substantivement. Un téméraire, une téméraire.• J'attaque en téméraire un bras toujours vainqueur, CORN. le Cid, II, 2.• Qui serait ce vaillant, ou bien ce téméraire ?, CORN. ib. IV, 5.• Téméraire, où voulez-vous passer ? Au delà de ce lieu gardez-vous d'avancer, RAC. Ath III, 2.• J'ai affirmé ce que je savais, vous niez ce que vous ne savez pas ; qui des deux est le téméraire ?, J. J. ROUSS. Lett. à l'archev. de Paris.En un sens particulier, celui qui est entreprenant auprès des femmes.• Voyant ma mère exposée à un grand nombre de téméraires qui voulaient l'épouser, FÉN. Tél. III.2° Qui annonce de la témérité, qui a le caractère de la témérité.• Et, de quelque façon que vous tourniez l'affaire, Prendre femme est à vous un coup bien téméraire, MOL. Éc. des fem. I, 1.• Son téméraire orgueil [d'Achille], que je vais redoubler, Croira que je lui cède, et qu'il m'a fait trembler, RAC. Iphig. IV, 8.• Son génie [de Gustave Wasa] formait de ces entreprises que le vulgaire croit téméraires, et qui ne sont que hardies aux yeux des grands hommes, VOLT. Charles XII, 1.• L'inoculation nous paraissait téméraire avant les exemples courageux qu'ont donnés M. le duc d'Orléans, le duc de Parme.... maintenant il serait téméraire de ne la pas employer, VOLT. Élog. L. XV.• Craignez de faire un serment téméraire, GENLIS Veillées du château t. II, p. 331, dans POUGENS.3° Jugement téméraire, jugement hasardé qu'on porte sur une personne ou une chose.• Avez-vous fait assez de jugements téméraires, lui dit l'invisible ?, SCARR. Rom. com. I, 9.4° En théologie, proposition téméraire, proposition qui mène à des inductions contraires à la véritable doctrine.Par extension.• Si on les écoutait, ils [les savants] prétendraient encore à être seuls professeurs, sous prétexte qu'il faut savoir pour enseigner, proposition au moins téméraire, mal sonnante, P. L. COUR. Lett. à l'Acad. des inscr..On le dit aussi des personnes en un sens analogue.• Que M. Arnault soit téméraire ou non, ma conscience n'y est pas intéressée, PASC. Prov. I.XVe s.• Il fut proposé.... comment on pourroit faire faire une sortie temeraire à ceux de la ville de Gand, afin de trouver quelque moyen de pouvoir prendre sur eux punition et vengeance de leurs hautaines et grandes entreprises, MATH. DE COUCY Hist. de Charles VII, p. 655, dans LACURNE.XVIe s.• .... Que nous moderions nos sermens en telle sorte qu'ils ne soyent point temeraires, legerement faits, ni en matiere frivole, CALV. Inst. 293.• Je ne me plains du vol que j'ay tenté, Jeune Dedale, aux perils temeraire, DESPORTES Diane, I, 28.Lat. temerarius, qui vient de l'adverbe temere, au hasard.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.