- trêve
- (trê-v') s. f.1° Cessation temporaire de tout acte d'hostilité.• M. le maréchal de Créquy leur avait refusé une trêve pour enterrer leurs morts, PELLISSON Lett. hist. t. II, p. 414.• Après avoir perdu la bataille et demandé lui-même une trêve qui lui fut incontinent accordée, FLÉCH. Hist. de Théodose, II, 65.• Le roi a enfin pris des mesures pour avoir la paix ; ses ministres à Ratisbonne ont ordre de signer une trêve de vingt ans, MAINTENON Lett. à Mme de St Géran, 13 août 1684.• À condition que les princes et les États protestants ne feraient ni paix ni trêve avec l'empereur, que du consentement de la France et de la Suède, VOLT. Ann. Emp. Ferdinand II, 1634.• Pendant que la trêve se publiait d'un côté, elle se rompait de l'autre, ANQUETIL Espr. de la Ligue, IV, année 1576.Trêve marchande, trêve durant laquelle le commerce est permis entre deux États qui sont en guerre.Trêve de pêche, ou trève-pêcherie, convention de respecter les pêcheurs des deux partis.Trêve de Dieu, ou trêve du Seigneur, répit interposé par l'Église aux combats entre seigneurs féodeaux, différente de la paix de Dieu qui était perpétuelle, et par laquelle l'Église imposait la paix à l'égard des ecclésiastiques, des femmes, des enfants, des laboureurs paisibles.• Quand chaque seigneur faisait en France la guerre ou la paix, la religion donna des trêves qui devaient avoir lieu dans de certaines saisons, MONTESQ. Esp. XXIV, 16.2° Fig. Relâche. Son mal ne lui donne pas de trêve.• Filles de l'Achéron, pestes, larves, Furies.... Pour mieux agir pour moi, faites trêve aux enfers, CORN. Médée, I, 4.• C'est une bonté de la Providence que nous fassions trêve aux tristes réflexions qui seraient en droit de nous accabler journellement, SÉV. 1 juill. 1685.• Je passais avec lui tous les moments que j'avais de libres, à chanter des airs italiens et des barcaroles sans trêve et sans relâche du matin au soir, ou plutôt du soir au matin, J. J. ROUSS. Confess. VIII.• Les fléaux avec nous ne font ni paix ni trêve, COLLIN D'HARLEVILLE Optimiste, III, 9.N'avoir ni paix ni trêve, n'avoir pas un moment de repos.• Quoique avant le soleil, tous les jours, il se lève, Jusqu'à ce qu'il se couche il n'a ni paix ni trêve, BOURSAULT Ésope à la cour, v, 7.Elliptiquement, trêve de, trêve à, se dit pour faire cesser quelque chose.• Hé ! trêve de douceurs, MOL. l'Ét. I, 2.• Trêve aux cérémonies, que voulez-vous ?, MOL. Sicil. 8.• Trêve d'austérités, pendant que ce rhume durera, BOSSUET Lett. abb. 44.• Sais-tu que la plaisanterie Convient ici fort mal ? trêve de raillerie, DESTOUCH. Irrésolu, IV, 6.XIIIe s.• Ensi fu la treve prise de cels de l'ost et de la cité, VILLEH. CXX..• Thodres li Ascres.... avoit trives à l'empereour Henri, et ne li avoit mie bien tenues, VILLEH. CLXVI.• Trive est une coze qui done seurté de le [la] guerre, el tans que ele dure, BEAUMANOIR LX, 1.• Trives brisies et asseurement brisié sont bien cas de haute justice, BEAUMANOIR LVIII, 7.• Et se trée, sofferte ou porprise, se prenoit entre lesdites parties...., CASTAN Siége de Besançon, p. 75.XVe s.• Legier coeur et plaisant folie.... Vous font ceste melencolie : Mais c'est un mal dont on relieve ; Faictes à vos pensées triefve, AL. CHART. la Belle dame sans mercy.• Il leur dit : seigneurs, je recongnois Sebille et contremande la treve ; trop avons tardé, mais gardez-vous de moy, et je vous deffie, Perceforest, t. I, f° 114.• Quant ilz furent montez, et aussi plusieurs autres du chasteau, si allerent à sauver treves jusques à l'ost, Lancelot du lac, t. III, f° 143.• L'en doit savoir que treve, si come l'en la prent en laie court, est un assegurement qui est fait par la foi baillie du cors, que celui qui la donne ne fera mesuy mal, ni ne fera fere à celui à qui il la donne, DU CANGE treva..XVIe s.• Si aucun refuse de donner treves à autruy, et depuis celuy soit navré, mutilé ou desrobé, le refusant en sera puni comme de treves enfraintes, Coust. gén. t. II, p. 131.• Je reserve là [chez moi], et pour moy, et pour les aultres, une liberté inusitée ; il s'y fait trefve de cerimonie, MONT. III, 282.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.