- trémie
- (tré-mie) s. f.1° Sorte de grande auge à ouverture carrée, large par le haut, étroite par le bas, dans laquelle on met le blé, qui tombe de là entre les meules pour être réduit en farine.• Ô philosophes.... mon sage est le conducteur de mon moulin, lequel pince bien le vent, ramasse mon sac de blé, le verse dans la trémie, le moud également et fournit à moi et aux miens une nourriture aisée, VOLT. Dict. phil. Xénophanes..2° Nom donné par les marchands de blé et d'avoine à un vaisseau en forme de pyramide renversée, dont le dessus est de cuir et le dessous un treillis de fil de laiton, en sorte que les grains se criblent en passant dans cette trémie pour tomber dans un cuvier qui est au bas.3° Mesure dont on se sert pour le sel.• Sur la distribution en gros dans les greniers, où il y a toujours de la tromperie sur le plus ou le moins du poids des mesures, par le coulage du sel au moyen d'une trémie grillée, inventée exprès pour frauder de quelques livres par minot, VAUBAN Dîme, p. 105.• Il y va de la conscience du roi de ne pas souffrir qu'on fasse passer du sel, en le mesurant, par une trémie grillée à quatre étages, VAUBAN ib. p. 140.4° Boîte dans laquelle on donne à manger aux faisans.Espèce de mangeoire destinée à la volaille et aux pigeons.5° Assemblage de planches, de forme prismatique ou pyramidale, avec ouverture en haut et en bas, servant à faire couler dans une fouille du mortier ou du béton.6° Espace réservé dans un plancher pour porter l'âtre d'une cheminée.Bandes de trémie, bandes de fer qui servent à soutenir les âtres et les languettes des cheminées.7° Terme de métallurgie. Espèce d'entonnoir dans lequel on jette le minerai.8° Terme de miroitier. Pièce de flanelle au travers de laquelle on passe le vif-argent pour en séparer les ordures.9° Nom qu'on a quelquefois donné à l'entonnoir du fourmi-lion.• Tout le monde sait que le fourmi-lion se creuse, dans un sable sec ou dans une terre fort pulvérisée, une fosse en manière de trémie ou d'entonnoir, au fond de laquelle il se tient en embuscade, BONNET Contempl. nat. XII, 42.• Il arrive souvent qu'en creusant sa trémie, le fourmi-lion rencontre de gros grains de sable ou de petits grumeaux de terre sèche, BONNET ib..1. On a dit tremuye dans le XVIIe siècle :• Les mesurages et contre-mesurages du sel dans les dépôts et greniers seront faits au minot avec une tremuye, Ordonn. mai 1680.2.• Dans quelques parties de la France, par exemple à Noirmoutiers, on dit trémule, LEGOARANT .XVe s.• Pour l'arqueire [archure de moulin], tremuyse, l'angelet et le mait, DU CANGE arquetris..• Quant lesdits habitants avoient mis blé au corbellon, pour le mettre en le [la] tremuye et à molture, DU CANGE tremuia..Tremouille, dans COTGRAVE ; saintong. tremue ; Berry, tremuée, termuée ; prov. tremueia ; cat. tramuja ; port. tremonha ; it. tramoggia ; bas-latin, tremellum, tremula, tremoea, tremuta, treumia. Les formes tremellum, tremula, paraissent indiquer le lat. tremere, trembler, la trémie étant dans un tremblement continu. Mais les finales mueia, moggia indiquent de leur côté le lat. modius, muid. Certains ont dit que trémie repré sentait tres modii, trois muids ; mais Scheler croit que tre représente tremere, de sorte que la trémie est le boisseau tremblant ; cela est vraisemblable.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRETRÉMIE. Ajoutez :Sel cristallisé en trémies.• Ne recourir qu'au sel marin bien cristallisé en trémies ou cubes, et éviter d'employer le sel dit raffiné qui le plus souvent ne l'est point et qui peut être mélangé de sel provenant des fabriques de soude et d'iode, L. BESNOU Avranchin du 28 fév. 1875.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.