tronc

tronc
(tron ; le c ne se prononce jamais : un tron énorme ; c'est au XVIIe siècle la règle de Chifflet, Gramm. p. 208 ; au pluriel l's se lie : des tron-z énormes) s. m.
   Le gros d'un arbre, le corps d'un arbre considéré sans les branches et sans les racines. Un tronc noueux.
   Qui diable vous a fait aussi vous aviser, à quarante-deux ans, de vous débaptiser, Et d'un vieux tronc pourri de votre métairie [la Souche] Vous faire dans le monde un nom de seigneurie ?, MOL. Éc. des f. I, 1.
   Moi ! je pourrais trahir le Dieu que j'aime ? J'adorerais un dieu sans force et sans vertu, Reste d'un tronc par les vents abattu ?, RAC. Esth. II, 9.
   Près de Vitry, sur les bords de la Seine, il y a une couche épaisse de troncs d'arbres assez bien conservés, A. BRONGNIART Traité de min. t. II, p. 33.
   Fig.
   Il y a des vices qui ne tiennent à nous que par d'autres, et qui, en ôtant le tronc, s'emportent comme des branches, PASC. Pens. VI, 11, édit. HAVET..
   Fig. Il faut se tenir au tronc de l'arbre, il faut se tenir au parti le plus assuré.
   Terme de botanique. Partie principale de la tige des arbres dicotylédonés d'où partent les branches.
   Terme d'anatomie. La partie la plus considérable d'une artère, d'une veine, d'un nerf, celle qui n'a encore fourni aucune division. Tronc artériel. Tronc veineux.
   Tronc innominé ou brachio-céphalique, artère qui naît de la partie antérieure de la convexité de la crosse de l'aorte.
   Buste du corps humain dont on a séparé la tête, les bras et les cuisses.
   On donne à ce héros [Pompée] la mer pour sépulture ; Et le tronc sur les flots roule dorénavant Au gré de la fortune, et de l'onde, et du vent, CORN. Pomp. II, 2.
   Son corps [de Déiphobe] tout mutilé n'est plus qu'un tronc hideux, DELILLE Én. VI.
   En zoologie, chez les vertébrés, la partie principale du corps de l'animal, celle sur laquelle s'articulent les membres.
   Dans les insectes hexapodes, synonyme de thorax ou partie du corps comprise entre la tête et l'abdomen.
   Souche ou partie commune, plus ou moins vivante, sur laquelle sont insérés et réunis organiquement une multitude d'individus.
   Terme de vénerie Ramure du cerf où sont attachés les andouillers
   Terme d'architecture. Tronc de colonne, partie inférieure du fût d'une colonne.
   En géologie, ligne directe d'une même famille, d'où sortent les branches collatérales.
   Je ne vois rien en vous qu'un lâche, un imposteur.... Et d'un tronc fort illustre une branche pourrie, BOILEAU Sat. v..
   Les races provenant d'un tronc commun s'éloigneront d'autant plus de cette race primitive, qu'elles en auront été séparées plus anciennement, BUFF. Ois. t. XII, p. 233.
   Petit coffre placé dans l'église, ordinairement auprès du bénitier, et aussi ailleurs, et scellé dans le mur, au haut duquel il y a seulement une petite fente pour y jeter les aumônes des personnes charitables ; le tronc d'église est primitivement un tronc d'arbre, dans lequel on a fait un creux ; ce creux est recouvert d'un couvercle.
   Vous dites qu'on a ouvert un tronc à Saint-Merri, PASC. Prov. XVII.
   Croirait-on qu'il fut ordonné de mettre un tronc à toutes les églises d'Allemagne, pour recevoir des contributions volontaires [guerre contre les Turcs] ? c'est la première fois qu'on a demandé l'aumône pour faire la guerre, VOLT. Ann. Emp. Rodolphe II, 1594.
   On a transporté dans les temples, en lui conservant son nom et sa forme, le tronc des primitives aumônes, MARCHANGY Tristan le Voyag. XL..
   Fig. Voler le tronc des pauvres, faire des profits illégitimes aux dépens des nécessiteux.
   Il y avait des troncs semblables chez les Juifs dans le temple de Jérusalem.
   Lorsqu'ils voyaient qu'il y avait trop d'argent dans le tronc, le secrétaire du roi venait avec le pontife, et ils en tiraient et comptaient l'argent qui s'était trouvé dans la maison du Seigneur, SACI Bible, Rois, IV, XII, 10.
10°   Par analogie de forme, se dit d'ouvertures, de bouches où l'on met des écrits, des dénonciations.
   [à Venise] le tronc où tout délateur peut, à tous les moments, jeter avec un billet son accusation, MONTESQ. Esp. XI, 6.
   XIIe s.
   D'une espée forbie et blanche Estoit li pons sor l'eve froide ; Mais l'espée estoit fors et roide Et avoit deus lances de lonc ; De chasque part ot un grant tronc Où l'espée estoit cloffichiée, la Charrette, 3022.
   Les escus font et percier et troer.... Et de lor lances firent les trons voler, Raoul de Camb. 271.
   XIVe s.
   Laquel racine [grosse veine] gete un tronc, lequel tronc s'estent ou [au] foie, H. DE MONDEVILLE f° 27, verso.
   Quant la pomme d'icelluy chou est ostée, l'en replante le tronc de ce chou, Ménagier, II, 5.
   XVIe s.
   Mais luy, à tous les troncz il baisoit les reliques, et à chascun donnoit, RAB. Pant. II, 17.
   Lexive faite des cendres de troncs de febves, PARÉ XV, 38.
   Les Egyptiens, ayans couppé la teste, en jetterent le tronc du corps [de Pompée] hors de la barque, AMYOT Pomp. 110.
   Des hauts pins esbranchés les tronches my cavées, R. BELLEAU Poésies, t. I, p. 178, dans LACURNE.
   En succession venant du costé du troncque [le tronc de père et de mère]...., Coust. gén. t. II, p. 867.
   Picard, tronche ; provenç. tronc ; espagn. et ital. tronco ; du lat. truncus, qui vient de l'adj. truncus, coupé, tronqué.

Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. . 1872-1877.

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