- blonde
- blond, blonde(blon, blon-d' ; le d ne se lie que dans la prononciation soutenue : le blond Apollon, dites : le blon-t Apollon ; au pluriel l's se lie : les blonds et les bruns, dites : les blon-z et les bruns) adj.1° Qui est d'une couleur moyenne entre le doré et le châtain clair. Poil blond. Cheveux blonds.• Je sais que les ans lui mettront, Comme à toi, les rides au front, Et feront à sa tresse blonde Même outrage qu'à tes cheveux, MALH. IV, 16.• Soyez beau, bien disant, ayez perruque blonde, LA FONT. Coupe..• Vous êtes-vous rendue, avecque tout le monde, Au mérite éclatant de sa perruque blonde ?, MOL. Misanth. II, 1.Poétiquement.• L'ombre de Dargo n'est point errante sur les blondes collines, dans les détours des vallées, CHATEAUB. Dargo, 214.• Le blé, riche présent de la blonde Cérès, LA FONT. Fab. IX, 11.• L'Égypte ! elle étalait, toute blonde d'épis, Ses champs...., V. HUGO Orient. 1.• Je lui donnai non le bon soir, Mais le bon jour ; La blonde aurore, En quittant le rivage maure, Nous avait à table trouvés, LA FONT. Lettres, XXXIII, au duc de Vendôme..Terme de cuisine. Sauce blonde, sauce faite avec de la farine et du beurre et amenée à la couleur blonde. Friture blonde.En parlant des personnes. Qui a les cheveux blonds. Il est blond. Cette dame est blonde.Fig. Il est délicat et blond, se dit de quelqu'un qui est difficile à contenter à cause de délicatesses peu dignes d'un homme.2° S. m. La couleur blonde.• Ses cheveux étaient d'un blond parfait, HAMILT. Gramm. 9.• D'Antin était d'un fort beau blond, SAINT-SIMON 294, 2.Blond ardent, sorte de couleur blonde qui tire sur le roux. Blond hasardé se dit, par plaisanterie, pour roux.Invariablement. Une barbe blond ardent. Des cheveux blond cendré.Un blond, une blonde, une personne blonde. Un beau blond.• Une grande belle blonde aux yeux languissants, J. J. ROUSS. Ém. v..• Je ne vous réponds pas qu'encor Je n'emploie un peu de votre or à payer la brune et la blonde ; Car tout peut aimer en ce monde, LA FONT. Lettres, XXXII, au duc de Vendôme..• J'ai longtemps parcouru le monde, Et l'on m'a vu de toute part Courtisant la brune et la blonde, Aimer, soupirer au hasard, ÉTIENNE Joconde, I, 2.Terme de cuisine. Blond de veau, jus employé pour certains plats.XIe s.• Puis [il] prent [coupe] la teste de Jurfaleu le blund, Ch. de Rol. CXL.XIIe s.• Et la roïne qui ot les cheveulx blons, Ronc. p. 116.• Et son col blanc, son chef blonc et luisant, Couci, v.• [Dame] Bele et gente et avenant, Cheveus blonz, sourcis plaisans, ib. p. 123.• Les crins [elle] ot lons et blons plus que li ors luisans, Sax. v.XIIIe s.• Et les cheveus plus blons que onques n'ot Helaine, Berte, L.• Frans rois, où est ma fille, la blonde, l'eschevie ?, ib. XC.• Quar qui delez li s'acoutast, Il deïst qu'ors en degoutast [des cheveux d'une dame] ; Tant par estoient crespe et blonde, Tant de si biaus n'avoit el monde, RUTEB. II, 202.XVIe s.• Dont je soulois (car je l'aimois adonc) Faire present à Heleine la blonde, MAROT I, 220.• .... Et Lycormas qui est aussi blond qu'or, MAROT IV, 69.• Vierge plus blonde qu'un bassin, MAROT IV, 180.Bourguig. bionde, au féminin ; provenç. blon et bloi ; espagn. blondo ; ital. biondo ; bas-lat. blundus. Il y a dans l'anglo-saxon blonden-feax, qui a les cheveux mélangés, grisonnants ; Chevallet tire blonden de l'anglais to blend, mélanger ; cette dérivation est loin d'être assurée, mais c'est la seule concordance qu'on trouve dans les langues antérieures. Diez propose une conjecture : anc. nord, blaud ; danois, blöd ; suédois, blöt, mou, délicat, en parlant d'une couleur. Il y a aussi l'anglais blunt, émoussé, qui pourrait avoir servi à désigner une coloration peu tranchée, comme est le blond ; mais, pour insister, il faudrait des intermédiaires. L'ancien français et le provençal avaient bloi dans le sens de blond ; mais bloi, qui tient de très près à bleu, ne peut donner blond par dérivation. Comme on voit, l'origine reste incertaine.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIREBLOND. Ajoutez : - REM. Il est délicat et blond, se dit de quelqu'un qui est délicat, les blonds passant pour peu robustes. Mme de Sévigné a employé cette locution figurément au sens de peu solide, en parlant de la réputation : Je trouve la réputation des hommes bien plus délicate et blonde que celle des femmes, Lett. 28 juillet 1677.————————(blon-d') s. f.Dentelle de soie. Une blonde d'Angleterre.• Votre Majesté fournira les coiffures de blondes aux dames du palais, VOLT. Lettr. à Cath. 119.Est-ce blond, à cause de la couleur ? mais aujourd'hui la blonde est une dentelle blanche ou noire ; de sorte que l'étymologie reste incertaine.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.