- tranchant
- tranchant 1.(tran-chan) s. m.1° Le côté tranchant d'une épée, d'un couteau, etc.• Pharaon les a vus, et il s'est consolé de la foule de tout son peuple qui a été tué par le tranchant de l'épée, SACI Bible, Ézéchiel, XXXII, 31.• Le glaive qui a tranché les jours de la reine est encore levé sur nos têtes ; nos péchés en ont affilé le tranchant fatal, BOSSUET Mar.-Thér..• On voyait la terre s'ouvrir en sillons par le tranchant de la charrue, FÉN. Tél. XVII.• C'est particulièrement dans la fabrication des tranchants, c'est-à-dire dans les opérations qui absorbaient le plus de main-d'oeuvre, que les machines sont intervenues, Presse scientifique, 1861, t. II, p. 157.Mettre à tranchant, c'est, après avoir blanchi et dégrossi une lame d'acier, en faire le tranchant sur une meule.Rendre le tranchant à un glaive, l'aiguiser.• Voyons de quelle audace Vous [Hollandais] détachez du toit l'armet et la cuirasse, Et rendez le tranchant à ces glaives rouillés Que du sang espagnol vos pères ont souillés, CORN. Vict. du roi en 1672.Dans une épée, le tranchant se divise en trois parties qu'on appelle le talon, le faible et le fort.Terme d'escrime. Vrai tranchant, partie de la lame d'une épée avec laquelle on se défend, et qui se trouve placée du côté gauche. Faux tranchant, partie de la lame dont on fait rarement usage, et qui est du côté droit.Épée à deux tranchants, épée qui coupe des deux côtés.• La parole de Dieu est vivante et efficace, elle perce plus qu'une épée à deux tranchants, SACI Bible, St Paul, Épît. aux Hébr. IV, 12.Fig. La parole de Dieu est une épée à deux tranchants, elle frappe et pénètre jusqu'au fond de l'âmeFig. À deux tranchants, qui blesse de deux côtés.• Ce pouvoir [royal] était entre les mains du sultan comme un glaive à deux tranchants qui blessait son maître quand il était manié d'une main faible, VOLT. Moeurs, 191.Fig. Ce mot, ce raisonnement, cette raillerie, est une épée à deux tranchants, ce mot, ce raisonnement décide deux questions, cette raillerie attaque deux personnes ou deux ridicules à la fois.On dit aussi simplement : Un argument à deux tranchants.Fig. Une lame à deux tranchants, une personne qui est double dans sa conduite.• Ô perfide chanteur ! lame à deux tranchants ! c'est toi qui payeras pour tout le monde, BEAUMARCH. Mar. de Figaro, II, 19.2° Instrument qui sert à séparer la portion de rayons dont on veut s'emparer dans une ruche.3° Le côté le plus mince d'un objet.• On sait qu'on éprouve dans l'eau une plus grande résistance en y faisant mouvoir la main par le plat que par le tranchant, BRISSON Traité de phys. t. I, p. 80.4° S. m. pl. Les tranchants, voyez TRANCHANTS (côtés).XIIIe s.• Couvreurs de mesons et toutes autres manieres d'ouvriers qui ouvrent du trenchant en merrien, Liv. des mét. 104.XVe s.• Je ne vueil parler fors que de la verité, et aller parmi le tranchant, sans colorer l'un ni l'autre, FROISS. II, III, 63.XVIe s.• Othon, ayant resolu de se tuer.... aprez avoir.... affilé le trenchant d'une espée de quoy il se vouloit donner, MONT. I, 339.Tranchant 2.————————tranchant, ante 2.(tran-chan, chan-t') adj.1° Qui tranche, qui peut trancher. Un instrument tranchant.• Les épées tranchantes des Gaulois, les éléphants de Pyrrhus, ne les surprirent qu'une fois [les Romains], MONTESQ. Rom. 2.• Ainsi mes paroles étaient une épée tranchante à deux côtés, selon les paroles de l'Apocalypse, SÉV. 237.Écuyer tranchant, officier qui est chargé de couper les viandes à la table des princes.Substantivement, grand tranchant, grand écuyer tranchant.• M. de Blainville fit à la Cène sa première fonction de grand maître des cérémonies, et la Chesnaye y servit comme grand tranchant, en portant un des plats, qui est un des droits de sa charge, DANGEAU I, 157, Jeudi saint, 19 avr. 1685.En vénerie, côtés tranchants, les côtés du pied de l'animal lorsqu'ils ne sont pas usés.2° Fig. Qui décide comme tranche une épée. Un esprit tranchant.• Très poli dans la conversation, mais hardi et tranchant, la plume à la main, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 7 déc. 1768.• Juges superficiels et tranchants, MARMONTEL Oeuv. t. v, p. 146.Il se dit des choses en un sens analogue.• Vos paroles sont tranchantes, et mettent de l'huile dans le feu, SÉV. 13 nov. 1673.• Ces réponses tranchantes contre un idolâtre ne pénétraient pas jusqu'à la racine de la difficulté, L'ABBÉ HOUTEVILLE dans DESFONTAINES.• Quoiqu'il ne manquât pas de politesse à certains égards, son ton était aussi tranchant qu'impérieux, GENLIS Ad. et Théod. t. II, p. 339, dans POUGENS.3° Fig. Qui est sans nuance, sans adoucissement intermédiaire, en parlant de teintes, de couleurs.• Des laquais chamarrés de livrées tranchantes, HAMILT. Gramm. 11.• Les couleurs tranchantes frappent tous les yeux, VOLT. Phil. ignor. 32.• Ainsi rien n'est tranchant, ainsi rien n'est mêlé ; Ainsi sont réunis sur cette échelle immense Le degré qui finit et celui qui commence, DELILLE Trois règ. VIII.XIe s.• Tanz colps ad pris de bons espiez trenchans, Ch. de Rol. XL.XIIe s.• Car veez cum li peres chastie sun enfant Par mult dulce parole e par aspre e mordant ; E mainte feiz le bat de la verge tranchant, Th. le mart. 78.XIIIe s.• Car moult [elle] doutoit la bise, qui ert [était] tranchans et fiere, Berte, XL.• Nostre sire nel volt soufrir, Son ange fist devant venir, à [avec] une bien tranchant espée La voie a à celui veée, Ren. 219.XVe s.• Un large fer de Bordeaux, aussi tranchant et affilé que nul rasoir pouvoit estre, FROISS. II, II, 5.XVIe s.• Marius lui respondit avec un soupir trenchant tiré du profond du coeur, AMYOT Mar. 73.• Les grands avoient leurs eschansons et trenchants, MONT. I, 372.• La sentinelle ne pouvant endurer la bise tranchante, D'AUB. Hist. III, 155.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.