- traduire
- (tra-dui-r') v. a.1° Terme de palais. Transférer quelqu'un d'un lieu à un autre. Il fut traduit des prisons du Châtelet à la Conciergerie.Citer ou renvoyer quelqu'un devant un juge, un tribunal. Il fut traduit devant la cour d'assises.• Devant certaine guêpe on traduisit la cause, LA FONT. Fabl. I, 21.• Il m'a traduit au parlement de Dijon, et il a dit publiquement qu'il me ferait perdre plus de deux mille écus pour le cens de deux sous et demi, VOLT. Lett. à M. Perraud, 24 avril 1767.Traduire en justice, même sens.2° Faire passer un ouvrage d'une langue dans une autre.• Cicéron, à l'âge de dix-sept ans, avait traduit le poëme d'Aratus en vers latins, ROLLIN Hist. anc. liv. XXV, ch. I, I, 1.• L'honneur que vous [le cardinal Quirini] m'avez fait de traduire en si beaux vers la Henriade et le poëme de Fontenoy, VOLT. Sémiram. Dissert..• Un auteur dont les ouvrages pleins de sentiment, de vérité, d'élégance et de noblesse ont été traduits dans toutes les langues, DIDER. Claud. et Nér. II, 11.On dit de même : traduire un passage, une citation, un vers, etc.Traduire un auteur, traduire ses ouvrages.• On fait brûler Vanini, et on traduit Lucrèce pour monsieur le Dauphin, VOLT. Lett. à M*** 1727.Absolument.• Si vous traduisez toujours, on ne vous traduira jamais, MONTESQ. Lett. pers. 128.• Si vous voulez qu'on vous traduise un jour, commencez par traduire vous-même, D'ALEMB. Élog. Saci..3° Par extension, expliquer, interpréter. Traduisez-moi votre pensée en termes plus clairs.Manifester.• Il savait ainsi traduire aux regards tous les sentiments de son âme, STAËL Corinne, VIII, 2.4° Se traduire, v. réfl. Se montrer, comparaître. Son projet de se mettre lui-même sur la scène et de s'y traduire comme un franc maraud, qui joue un rôle méprisable, GRIMM, Corresp. t. II, p. 195° Fig. Se traduire en ridicule, se rendre ridicule.• J'enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicule, malgré leur qualité, MOL. Critique, 6.6° Être traduit.• Les poëtes ne se traduisent point, peut-on traduire de la musique ?, VOLT. Lett. Mme du Deffant, 19 mai 1754.• Le sublime se traduit toujours, presque jamais le style, D'ALEMB. Oeuv. t. I, p. 137.7° Être manifesté. Sa colère se traduisit en imprécations.XVIe s.• Qui traduisent à credit les langues dont jamais ils n'ont entendu les premiers elements, DU BELLAY I, 9, recto..• Je me suis mis à revoir ce que de longtemps J'avoye traduit de grec en françois des Vies de Plutarque, et à continuer de traduire ce qui m'en restoit, AMYOT Épît..• Tout cela [ce pays] sans tirer le canon fut traduit de portugais en espagnol par...., D'AUB. Hist. II, 463.• Ils commencerent à se mordre, accuser et injurier l'un l'autre, à presenter libelles diffamatoires, ausquels toute leur vie estoit traduite, CALV. Instit. 940.Ital. tradurre ; du lat. traducere, faire passer, de tra ou trans, au delà, et ducere, conduire (voy. duire).
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.