- tige
- (ti-j') s. f.1° Partie de la plante qui tend à s'élever verticalement, et qui porte les feuilles, les fleurs et les fruits ; on l'appelle tronc dans les arbres dicotylédons ; stipe dans les monocotylédones arborescentes ; chaume dans les graminées ; hampe dans les oignons, lorsque, naissant au milieu des feuilles, elle est nue, droite et terminée par les fleurs.• ...ce chêne énorme Dont la tige toujours informe S'épuise en rameaux superflus, GRESSET Épît P. Bougeant..• De ta tige détachée, Pauvre feuille desséchée, Où vas-tu ? - Je n'en sais rien, A. ARNAULT Fabl. v, 16.Arbres à hautes tiges, ou, simplement, hautes tiges, arbres dont on laisse les tiges s'élever.Arbres à basses tiges, ou, simplement, basses tiges, ceux qu'on empêche de s'élever.Demi-tige, arbre fruitier de quatre ou cinq pieds de haut, et dont la croissance naturelle a été arrêtée.Tige se dit, chez les jardiniers, des arbres auxquels on ne laisse qu'un seul jet, pour les distinguer de ceux qu'on destine à former des espaliers ou des gobeletsFig.• Vous reconnaissez que l'Église a une tige toujours subsistante, dont on ne peut se séparer sans se perdre, BOSSUET Hist. II, 13.2° Il se dit plus particulièrement en parlant des plantes qui ne sont ni arbres ni arbrisseaux. Laisser mourir une fleur sur sa tige. Tige de lis. Tige droite. Tige couchée.3° Terme de généalogie. Chef de qui sont sorties les branches d'une famille, tant la branche aînée que la cadette.• Et que si de cette couronne, Que sa tige illustre lui donne [à Henri IV], Les lois ne l'eussent revêtu, MALH. II, 4.• Tel le grand saint Louis, la tige des Bourbons, Lui-même du soudan forçait les bataillons, CORN. Victoires du roi..• Un peuple qui ne s'est jamais regardé que comme une seule famille, nous conduit naturellement, à Abraham qui en est la tige, BOSSUET Hist. II, 13.• Triste reste de nos rois, Chère et dernière fleur d'une tige si belle, RAC. Athal. IV, 6.• Abdolonyme, descendu, quoique de loin, de la tige royale [de Tyr], ROLLIN Hist. anc. Oeuv. t. VI, p. 263.• Saint Louis, neuvième du nom, roi de France, est la tige de la branche des Bourbons, VOLT. Henr. I, Notes..• De ce nombre [des protestants sauvés par des catholiques lors de la Saint-Barthélemy] fut un Tronchin, qui resta plusieurs jours caché dans un tonneau, et, s'étant retiré à Genève, y a été la tige de la famille de ce nom, VOLT. Henr. II, Notes..Par extension, il se dit des animaux.• Dans l'état actuel, on doit regarder le loup et le renard comme des tiges majeures du genre des cinq animaux que nous avons indiqués ; le chien, le chacal et l'isatis n'en sont que les branches latérales, BUFF. Quadrup. t. VII, p. 251.Lignée.• Tous les mâles depuis vingt ans et au-dessus qui pouvaient aller à la guerre, furent comptés par tiges par familles et par maisons, SACI Bible, Nomb. I, 22.Faire tige, devenir l'origine d'une famille. La branche d'où il est issu a fait tige en France.Fig.• Si quelques-uns [des saints Pères] ont eu quelque chose de particulier dans leurs sentiments ou dans leurs expressions, tout cela s'est évanoui et n'a pas fait tige dans l'Église, BOSSUET 1er avert. 37.4° Fig. Origine, source.• Les luthériens, qui étaient la tige de la réforme, BOSSUET 6e avert. 3e part. 4.• Toutes les Églises naissantes venaient de la tige commune des apôtres, ou de ceux que les apôtres avaient envoyés, et en tiraient leurs pasteurs avec la doctrine, BOSSUET 2e instr. past. 64.• On a vu sortir de cette tige d'iniquité des rejetons honteux, qui ont été l'opprobre de leur nom et de leur siècle, MASS. Pet. carême, Hum. des gr..5° Par analogie, tout prolongement allongé et plus ou moins cylindrique, qui fait partie d'un corps quelconque.La tige d'une colonne, le fût.La tige d'un rinceau, l'espèce de branche qui part d'un culot ou fleuron, et qui porte les feuillages d'un rinceau d'ornement.La tige d'une roue de montre, l'arbre de cette roue quand il est un peu mince.Terme d'architecture. Pied qui supporte une coupe d'où jaillit une fontaine.La tige d'une clef, etc. la partie mince et allongée qui est entre l'anneau et le panneton.Tige de flambeau, le tuyau depuis la patte jusqu'à l'embouchure.La tige d'un guéridon, la partie qui prend depuis le pied jusqu'à la table.Tige d'une plume, la partie qui surmonte le tuyau et de chaque côté de laquelle se développent les barbes.Tige de botte, le corps de la botte où l'on met la jambe.La partie d'un bas de tricot où on le rétrécit.Corps d'un clou.Tige de pompe, manche auquel tient le piston.6° Terme de sculpture. Tige d'un trépan, partie de cet instrument à laquelle on applique l'archet.Terme de métallurgie. Tige de laminoir, partie carrée qui se trouve en dehors du tourillon, et sur laquelle s'adaptent les intermédiaires du mouvement.7° Carabine à tige, carabine portant une tige fixée à la culasse, de manière à ménager, entre elle et le canon, un espace annulaire dans lequel se loge la poudre. La balle prend appui sur l'extrémité de cette tige, et elle est forcée par des coups de baguette qui l'aplatissent et l'engagent dans les rayures.Au XVIe siècle, tige devint masculin chez quelques-uns, malgré l'étymologie et l'usage plus ancien.XIe s.• [Guenes] Vait s'apuier suz le pin à la tige, Ch. de Rol. XXXVI.XIVe s.• Prenez la tige du rouge chol [chou], Modus, f° XCIV.XVIe s.• De la racine procede ung tige unicque, rond, ferulacé, verd on dehors, RAB. Pant. III, 49.• Pour esclaircir le branchage de ce tige foisonnant en trop de gaillardise, MONT. III, 98.• Le roseau produict une longue tige et droicte, MONT. IV, 168.• Pyrrus issu de la noble tige de Hercules, AMYOT Mar. et Pyr. 4.• Tant que tige fait souche, elle ne branche jamais, COTGRAVE .Lat. tibia, jambe, dont le sens a été appliqué à la jambe d'une plante, d'un arbre. Tigel diminutif de tige s'est dit des jambes des chausses.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.