- tente
- tente 1.(tan-t') s. f.1° Pavillon de peau, de toile et autres substances dont on se sert pour se mettre à couvert.• Il [Louis XIV] est venu camper dans un guéret, sous des tentes même assez petites, les grandes étant demeurées à Grave l'année dernière, PELLISSON Lett. hist. t. I, p. 276.• Nous allons faire planter au bout de la grande allée, du côté du mail, une petite espèce de tente, SÉV. 435.• Elles font des tentes, dont les unes sont de peaux cirées, les autres d'écorces d'arbres, FÉN. Tél. VIII.• Chaque famille, errante dans ce beau pays, transporte ses tentes d'un lieu en un autre, FÉN. ib..• Toute l'armée des alliés dressait déjà ses tentes, FÉN. ib. XII.• Ces tentes [des soldats], pour l'ordinaire, étaient de peaux ; d'où vient cette expression fort usitée dans les auteurs : sub pellibus habitare [loger sous les peaux], ROLLIN Hist. anc. t. XI, 2e part. p. 421, dans POUGENS.• On lui présenta [à Charles XII], de la part du Grand Seigneur, une large tente d'écarlate brodée d'or, VOLT. Charles XII, 7.Fig.• Un seul jour, ô mon Dieu, passé dans votre maison sainte, s'écriaient-ils.... console plus le coeur que les années entières passées dans les plaisirs et dans les tentes des pécheurs, MASS. Carême, Resp. dans les temples..• Il habitera sous des tentes de sûreté et de confiance, MASS. Profess. relig. Serm. 2.• Et qu'est-ce que la terre ? une prison flottante, Une demeure étroite, un navire, une tente, LAMART. Harm. III, 9.Fig. Se retirer sous sa tente, cesser, par contrariété, de prendre part à quelque chose, par allusion à Achille, qui, irrité contre les Grecs, cessa de prendre part aux combats.Chez les Juifs, fête des Tentes, voyez SCÉNOPÉGIE.2° Au plur. Les tentes, le camp, les troupes.• Qu'ils viennent vous chercher sous les tentes d'Achille, RAC. Iphig. v, 2.• Le ciel qui m'a conduit dans les tentes du Maure, VOLT. Tancr. III, 2.3° Fig. La guerre, à cause que c'est surtout en campagne que l'on se sert des tentes.• Il étudiait la géométrie jusques dans sa tente, FONTEN. l'Hôpital..• Il [Bonaparte] fit du glaive un sceptre et du trône une tente, Tout son règne fut un combat, V. HUGO Odes, I, 11.4° Tente-abri, petite tente légère que les soldats peuvent dresser instantanément en réunissant ensemble plusieurs des morceaux de toile dont chacun d'eux est muni.Au plur. Des tentes-abris.5° Terme de marine. Toile tendue sur une partie d'un navire, ou sur ce navire dans toute son étendue, pour mettre le pont à l'abri du soleil.Tente de nage, toile que l'on tend au-dessus des bancs dans quelques embarcations.6° Terme de chasse. Sorte de filet que l'on tend pour prendre des bécasses et autres oiseaux de passage.7° Dans quelques provinces, barrage en menues branches soutenues par des pieux que l'on fait dans une rivière, et auquel on adapte, devant un petit passage laissé exprès, la gueule d'une nasse pour prendre du poisson.8° Terme d'anatomie. Tente du cervelet, repli de la dure-mère tendu entre le cerveau et le cervelet.XIIIe s.• Al jardin orent fait dresser la maistre tente, Berte, X.• Il chevauchent tant qe il furent venu en plain là ù les enimis estoient à tendes, MARC POL p. 743.XIVe s.• Comme fait l'yraigne qui prend les mouches en ses rets et en ses tentes, LE CHEV. DE LA TOUR, Instr. à ses filles, f° 26, dans LACURNE..XVIe s.• Les Arabes que l'on surnomme Scenites (comme qui diroit Tenteniers), pour ce que c'est un peuple vagabond, qui n'a point d'autres maisons que des tentes qu'il porte tousjours quant et soy, AMYOT Lucull. 38.• Sçavoir au vray les devis qu'il [Brutus] tenoit en sa tente à quelqu'un de ses privez amis, la veille d'une bataille, MONT. II, 107.Tendre 2 ; provenç. tenda ; espagn. tienda ; ital. tenda————————tente 2.(tan-t') s. f.Terme de chirurgie. Faisceau de charpie longue, dont les filaments sont disposés parallèlement et liés par le milieu avec un fil, et dont on se sert pour les plaies, pour dilater certaines ouvertures, etc.XIVe s.• Medecine ne tente ne doit toucier sans moien le nerf blecié, fors vin eschaufé, H. DE MONDEVILLE f° 48.XVIe s.• Faut mettre une tente de linge delié en quatre ou cinq doubles, trempé en syrop rosat, PARÉ VIII, 16.Tenter. La tente est proprement une sonde ; et l'on disait tenter une plaie pour la sonder : XVe s.• Et luy tenterent ses playes, et vont mettre sus ce qu'elles sceurent que bon feust, Perceforest, t. I, f° 47.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.