- tapir
- tapir (se) 1.(ta-pir) v. réfl.Se cacher en se tenant dans une posture raccourcie ou resserrée.• Enfin, me tapissant au recoin d'une porte...., RÉGNIER Sat. XIII.• Je me tapis d'aguet derrière une muraille, RÉGNIER ib. XI.• À ces mots sort de l'antre un lion grand et fort ; Le pâtre se tapit, et dit à demi-mort...., LA FONT. Fabl. VI, 1.• Nous avons essuyé dans le bateau, à cent pas de ce pont [d'Amboise], un petit orage, qui était assez poétique ; mais nous nous sommes tapis contre le rivage, SÉV. 16 sept. 1684.SE TAPIR, SE BLOTTIR. Il y a dans se tapir l'idée de se cacher, qui n'est pas dans se blottir. Un enfant se blottit dans son lit, pour avoir moins froid, mais il ne s'y tapit pas.XIIe s.• Qui duncveïst ses clers e ses moines fuïr, E nevels [neveux] e parens e mucier e tapir...., Th. le mart. 153.• Va t'en d'ici vers orient, si te tapis à la riviere, Rois, p. 310.XIIIe s.• Enfans, qui les flors alés querre Et les freses naissans sus terre, Li mau serpent refroidissant, Qui se vet ici tapissant.... Pensez, enfans, de l'eschever, la Rose, 16800.• Ne puet [peut] virtu tapir en umbre, Édouard le conf. v. 3975.XIVe s.• Les membres qui ne sont pas convenables à lieure [bandage] artificiel sont ceux qui ne sont pas fermes, et qui sont tapissans [bouchant] et contraignans, si comme les paupieres, les leivres, le col, le pis, H. DE MONDEVILLE f° 59.XVe s.• Là estoit le sire de Saint-Py... car il estoit au premier chef, et alloit tout en tapissant voir et imaginer le convenant [des Flamands], FROISS. II, II, 184.• Entrerent à la couverte, afin qu'ils ne fussent apperceus, en un petit aunoy, et là se capirent, FROISS. II, p. 207, dans LACURNE.• Adonc dit l'ung d'eulx : tapissons [cachons-nous], et voyons qu'il fera, Perceforest, t. VI, f° 47.XVIe s.• Ce proverbe clost la bouche à ceulx qui d'eulx mesmes ne valent rien, et se vont tapissans sous les vertus de leurs ancestres, AMYOT Arat. 1.• On y passe par-dessus une claie pesante, pour affermir la terre : croians aucuns que la terre ainsi tapie, voire endurcie, est plus propre pour les millets, O. DE SERRES 119.• Les pluies tombans violemment dessus la terre de nouveau ensemencée la tapissent si fort, que les semences n'en peuvent lever ne sortir, par tel endurcissement s'y estouffant, O. DE SERRES 521.• Il se vouloit taper, afin que les autres qui le poursuivoient ne le peussent voir, BRANT. Capit. franç. t. III, p. 399, dans LACURNE.• C'est le roolle de la couardise, non de la vertu, de s'aller tapir dans un creux, soubz une tumbe massifve, pour eviter les coups de la fortune, MONT. II, 27.Berry, se capir : ce lapin s'est capi derrière un mur. Du Cange le tire du lat. talpa, taupe ; mais nulle part l'l caractéristique ne paraît. Frisch y suppose le radical allemand zapf, tapon ; par conséquent ce serait le même verbe que taper 2. Diez l'approuve ; et en effet c'est la vraie étymologie. à l'actif, dans l'historique (voy. aussi l'exemple rapporté à taper 2), ce verbe signifie boucher, fermer ; et l'on conçoit sans peine comment, au réfléchi, il a pris le sens de se tapir. On remarquera la forme se capir, qui est dans Froissart et dans le parler du Berry.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE1. TAPIR. - ÉTYM. Ajoutez : Notez la forme estapir : XIVe s.• Mas [mais] li mauvès dom [dont] je vous di S'estient [s'étaient] leens estapi, MACÉ Bible en vers, f° 97, verso, 2e col..————————tapir 2.(ta-pir) s. m.Quadrupède qui se trouve en Amérique ; son nez est en forme de petite trompe, laquelle n'a pas, comme celle de l'éléphant, la faculté de s'allonger et de se raccourcir ; toutefois le tapir s'en sert pour saisir des branches d'arbres et les attirer à lui.• Le tapir est le plus gros de tous les quadrupèdes de l'Amérique méridionale, et il y en a qui pèsent jusqu'à cinq cents livres ; or ce poids est dix fois moindre que celui d'un éléphant de taille ordinaire, BUFF. Quadrup. t. x, p. 2.Le tapir indien a été appelé maïba par F. Cuvier.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.