- sédition
- (sé-di-sion ; en vers, de quatre syllabes) s. f.Trouble contre l'ordre public, contre l'autorité légale, qui est concerté, a des meneurs et n'est pas l'action d'un rassemblement fortuit.• Comme, en matière de sédition, tout ce qui la fait croire l'augmente, nous faillîmes à faire en un moment ce que nous travaillions depuis huit jours à empêcher, RETZ Mém. t. I, liv. II, p. 383, dans POUGENS.• Dans les séditions populaires, un homme qui saura ménager avec art les esprits de la populace irritée, lui fera aisément tourner sa fureur contre ceux auxquels on pensait le moins, BOSSUET 2e sermon, Nativité de la sainte Vierge, 2.• Dans de si longues souffrances [les persécutions], les chrétiens ne firent jamais la moindre sédition, BOSSUET Hist. I, 10.• Les chrétiens s'y obstinèrent ; la chose en vint à une sédition ouverte, FLÉCH. Hist. de Théod. III, 112.• L'Angleterre, où l'on voit la liberté sortie sans cesse des feux de la discorde et de la sédition, MONTESQ. Lett. pers. 136.SÉDITION, ÉMEUTE. L'émeute se forme dans la rue et commence par un rassemblement fortuit, sans chef, sans dessein préalable. La sédition est concertée, elle obéit à un mot d'ordre, elle a des meneurs ; c'est l'action non pas d'un rassemblement, mais d'un parti.XIVe s.• La sedicion et l'esmouvement du pueple, BERCHEURE f° 35, verso..• Cause de seditions, ORESME Thèse de MEUNIER..XVIe s.• Reprimer les seditions des hommes noiseux et ennemis de la paix, CALV. Instit. 1200.Provenç. sedicio ; espagn. sedicion ; ital. sedizione ; du lat. seditionem, de sed ou se, indiquant séparation, et ire, aller (voy. irai) : proprement, action d'aller à part. C'est là l'opinion des anciens. D'autres (M. Baudry, approuvé par M. Bréal) décomposent le mot en se-ditio ; ditio comme en per-ditio, en con-ditio, venant du radical latin da qui signifie donner, mettre, faire : action de mettre, d'agir en dehors, à part.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.