- syllabe
- (sil-la-b') s. f.1° Son produit par une seule émission de voix, et qui se compose soit d'une voyelle seule, soit de voyelles et de consonnes.• Vous vous souvenez du vieux pédagogue de la cour et qu'on appelait autrefois le tyran des mots et des syllabes, BALZ. Socr. chrét. X..• Ceux qui se sont figuré que l'Académie n'était qu'une troupe d'esprits bourrus qui ne faisaient autre chose que de combattre sur les syllabes, introduire des mots nouveaux, en proscrire d'autres..., PELLISSON Hist. de l'Acad. III.• Des villes que tu prends les noms durs et barbares N'offrent de toutes parts que syllabes bizarres, BOILEAU Épît. IV.• Le nouveau Cicéron, tremblant, décoloré, Cherche en vain son discours sur sa langue égaré ; En vain, pour gagner temps, dans ses transes affreuses, Traîne d'un dernier mot les syllabes honteuses ; Il hésite, il bégaye, BOILEAU Lutr. VI.• Le défaut le plus ordinaire et qu'on doit éviter avec plus de soin, c'est de ne point appuyer sur les dernières syllabes, et de laisser tomber sa voix à la fin des périodes, ROLLIN Traité des Ét. VI, 2° part. II, 3.• Une syllabe dure gâte une pensée heureuse, VOLT. Dict. phil. Art poét..• Dix syllabes par vers mollement arrangées Se suivaient avec art, et semblaient négligées, VOLT. Trois manières..• La syllabe est un son complet qui est quelquefois composé d'une seule lettre, mais pour l'ordinaire de plusieurs ; d'où vient qu'on lui a donné le nom de syllabe, comprehensio, assemblage, DUCLOS Oeuv. t. IX, p. 19.• L'Alhambra !... Forteresse aux crénaux festonnés et croulants, Où l'on entend la nuit de magiques syllabes, V. HUGO Orient. 31.Syllabe longue, celle où la voix se prolonge ; syllabe brève, celle où elle passe vite.• Les syllabes longues ou brèves n'ont aucune durée fixe, pas même de rapport déterminé entre leur durée, DIDER. le Neveu de Rameau..Syllabe pure, celle qui ne renferme qu'une seule voyelle.Syllabe mixte ou composée, celle qui renferme une diphthongue ou une triphthongue.Syllabe directe, celle qui n'a qu'une consonne au commencement.Syllabe inverse, celle qui n'a qu'une consonne à la fin.Syllabe close ou fermée, celle où la voyelle est entre deux consonnes.2° Par extension, mot, parole.• Il n'y a point d'âmes, fussent-elles de fer ou de bronze.... qui puissent tenir contre les moindres syllabes de Jésus-Christ, BALZ. Socr. chrét. II.Il ne dit pas une syllabe, il ne répondit pas une syllabe, il ne dit absolument rien, ne répondit absolument rien.Je n'y changerai pas une syllabe, je n'y changerai rien.• Lépine : Me donnez-vous votre dernier mot ? - Lisette : Je n'y changerai pas une syllabe, MARIV. le Legs, SC. 3.Je n'en oublierai pas une syllabe, je répéterai les paroles sans y rien omettre.• Retiendrez-vous bien tout cela ? - Je n'en oublierai pas une syllabe, DANCOURT les Agiot. II, 3.XIVe s.• Comme les letres sont parties des sillabes et les sillabes des diccions, ORESME Éth. 253.XVIe s.• Syllabe, c'est un son entier, et peult estre d'une seule letre, comme d'une voyelle, peult aussi estre de plusieurs letres, voyelles ou consonnes, P. RAMUS dans LIVET, Gramm. franç. p. 205.Provenç. sillaba ; espagn. silaba ; ital. sillaba ; du lat. syllaba, qui vient du grec, syllabe, du grec, prendre avec, du grec, avec, et du grec, prendre.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.