- supposition
- (su-pô-zi-sion ; en vers, de cinq syllabes) s. f.1° Action de supposer.2° Proposition que l'on suppose comme vraie ou comme possible, afin d'en tirer quelque conséquence.• Il faut vivre autrement dans le monde selon ces diverses suppositions : si l'on pouvait y être toujours ; s'il est sûr qu'on n'y sera pas longtemps, et incertain si on y sera une heure ; cette dernière supposition est la nôtre, PASC. Pens. XXIV, 16 ter, éd. HAVET..• Comme il [Montaigne] a voulu chercher quelle morale la raison devrait dicter sans la lumière de la foi, il a pris ses principes dans cette supposition, PASC. Entret. avec Saci..• Un historien est fait pour décrire, et non pour inventer ; il ne doit se permettre aucune supposition, BUFF. Hist. nat. 2e disc..• Il y a trois choses à distinguer dans toute question mêlée de physique et de géométrie : le phénomène à expliquer, les suppositions du géomètre et le calcul qui résulte des suppositions, DIDER. Lett. sur les aveugl..• C'est ainsi, en général, que les découvertes se sont faites : il a fallu faire des suppositions, il en a fallu faire de fausses ; et ces sortes d'erreur étaient utiles, CONDILL. Art de rais. II, 5.• Picard ayant exécuté les ordres du roi [pour la mesure d'un méridien], on croit connaître enfin la véritable grandeur de notre globe ; mais toutes les opérations de ce géomètre supposaient la terre parfaitement ronde : supposition démentie par des expériences qui furent faites peu de temps après, CONDILL. ib. v, 6.Familièrement et absolument. Une supposition, pour dire : je propose l'hypothèse suivante.3° Conjecture, opinion qui n'est pas appuyée de preuves positives. Une supposition hasardée.• On veut déshonorer par une indigne supposition tout ce qu'il y a de plus auguste dans le royaume, PATRU Plaid. 2.• Du souhait à la supposition, le trajet est facile, J. J. ROUSS. Ém. IV.4° Production d'une pièce fausse, allégation d'un fait controuvé. Supposition de testament.• Je suis la victime de l'infidélité et de la supposition la plus condamnable [une édition de l'Essai sur les moeurs], VOLT. Lett. d'Argental, 25 déc. 1754.• Il traita leurs discours d'impostures et de lâches suppositions, RICCOBONI Oeuv. t. III, p. 123, dans POUGENS.Supposition de nom, de personne, l'action de mettre un nom, une personne à la place d'une autre.Supposition d'enfant, action frauduleuse ayant pour but de faire reconnaître un enfant pour fils ou fille de ceux dont il n'est pas né. Les coupables.... de supposition d'un enfant à une femme qui ne sera pas accouchée, seront punis de la réclusion, Code pén. art. 345.Supposition de part, voy. part 1.5° Attribution d'un ouvrage à des temps ou à un auteur auquel il n'appartient pas.• Le dernier critique qui a fait voir évidemment la supposition [du Testament de Richelieu], est le savant Lamonnoye ; on veut récuser aujourd'hui son témoignage, parce qu'il est trop décisif, VOLT. Mél. hist. Mens. imprim. doutes sur le test..• Voilà cette lettre vraie ou supposée du roi de Prusse au marquis d'Argens.... il est sûr qu'elle est de son style ; mais cette preuve suffit-elle contre un grand nombre d'autres qui semblent constater la supposition ?, DIDER. Lett. à Mlle Voland, 8 oct. 1760.6° Terme de musique. Artifice d'harmonie imaginé et ainsi dénommé par Rameau, qui consiste à faire entendre, au-dessous d'un accord complet, une note de basse qui lui est étrangère, et qui le transforme en un tout autre accord.Rameau a eu recours à cette invention pour expliquer certains accords qui ne rentraient pas dans les règles établies par lui ; les accords dits par supposition ont disparu depuis longtemps de la théorie de l'harmonie.XIVe s.• Supposition false, ORESME Thèse de MEUNIER..XVe s.• Malement pouvons nous savoir, car les Anglois sont couverts, quelle chose ils feront, ni où ils se trairont, fors que par supposition, FROISS. II, III, 34.Lat. suppositionem, de supponere, de sub, sous, et ponere, poser. On disait aussi supposement.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESUPPOSITION. Ajoutez :7° Substitution.• La supposition du mensonge en place de la vérité, MALH. Lexique, éd. L. Lalanne..
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.