- sueur
- (su-eur) s. f.1° Humeur aqueuse versée à la surface de la peau et condensée en gouttelettes, par suite d'élévation de la température extérieure, de suspension momentanée de la respiration, de mouvements ou d'efforts énergiques et prolongés, de certaines émotions et de certaines conditions morbides.• Seigneur, voyez ses yeux.... Cette affreuse sueur qui court sur son visage, Cette gorge qui s'enfle, CORN. Rodog. v, 4.• Sueur de sang découla d'elle, SCARR. Virg. II.• Les sueurs, qui affaiblissent tout le monde, me donnent de la force et me font voir que ma faiblesse venait des superfluités que j'avais encore dans le corps, SÉV. 281.• Pour votre équipée du feu de Saint-Jean-Baptiste, je n'y puis penser sans que la sueur m'en monte au front, SÉV. 7 août 1675.• Son corps était couvert d'une sueur glacée ; mais son courage se soutint, FÉN. Tél. XVIII.• En vérité, sire, je n'en puis plus ; me voilà tout en sueur et hors d'haleine, FÉN. Dial. des morts mod. (Henri IV, le duc de Mayenne)..• Frédéric [Barberousse] mourut pour s'être jeté tout en sueur dans le Cydnus, VOLT. Moeurs, 48.• Un prince [Pierre le Grand] qui était saisi d'un effroi machinal qui allait jusqu'à la sueur froide et à des convulsions, quand il fallait passer un ruisseau, VOLT. Russie, I, 6.• Les Indiens de l'isthme de l'Amérique se plongent impunément dans l'eau froide, pour se rafraîchir lorsqu'ils sont en sueur, BUFF. Hist. nat. Hom. Oeuv. t. IV, p. 187.• Et moi aussi j'en ai eu la sueur froide, PONT DE VEYLE Fat puni, sc. 28.Sueur fétide, sueur de la fièvre typhoïde, de la suette et d'autres maladies, durant lesquelles cette sécrétion exhale une odeur désagréable.Sueur bleue, sueur qui tache le linge en bleuâtre, ou en verdâtre.Fig. Gagner sa vie, gagner son pain à la sueur de son corps, à la sueur de son front, à la sueur de son visage, le gagner en travaillant beaucoup.• Accablé de tous ces travaux, il [saint Paul] s'impose encore lui-même la nécessité de gagner sa vie à la sueur de son corps, BOSSUET Panég. St Paul, 3.• Ils auront du pain, à la vérité, et assez largement ; mais ils n'auront que du pain et des fruits de leur propre terre, gagnés à la sueur de leur visage, FÉN. Tél. XII.• Homme ! tu manges ton pain à la sueur de ton front, CHATEAUBR. Génie, II, 1, 3.2° La sortie de cette humeur. Cela provoque la sueur. Son mal s'en ira par les sueurs.• La sueur dont il [Tschirnhaus] fait grand cas, et à laquelle il a toujours recours, est en même temps une précaution et un remède, FONTEN. Tschirnhaus..Fig. Couvrez-vous, la sueur vous est bonne, se dit à celui qui se couvre devant des gens à qui il doit du respect.3° Au plur. Fig. Les peines qu'on s'est données pour réussir. Une terre fécondée par les sueurs de l'homme.• J'apporte quelque argent, le fruit de mes sueurs, TH. CORN. Feint astrol. IV, 11.Il se dit aussi en ce sens au singulier.• Plusieurs empereurs chinois, assez sages, assez humains pour épargner la sueur et ménager la vie de leurs sujets, ont défendu l'extraction des mines dans toute l'étendue de leur domination, BUFF. Min. t. IV, p. 297.XIIe s.• Chescun i out la char moillie de suor, Rou, v. 4626.• N'i a Normant tant pros [preux] qui en suor ne fut, ib. v. 4598.XIIIe s.• Mult issoit sovent grant puor De lor robes por la suor, RUTEB. II, 181.XVe s.• Les grosses goutes de sueur Lui saillent de peine et labeur, CH. D'ORL. Rondeau..• Cette derniere maniere qu'il avoit apprinse à la sueur de sa bourse, LOUIS XI Nouv. XCIV.• Lors le bon homme la couvre bien, que le vent n'y entre, pour lui faire boire sa sueur, et lui dit : m'amie, gardés bien vostre sueur, et je feroy bien faire la besongne, les Quinze joyes du mariage, p. 44.XVIe s.• Et quand ils ont prou esté en ceste sueur [frayeur], ils trouvent à la fin que ce n'est rien, DESPER. Cymbal. 152.• La sueur des oeufs appliquée souvent dessus la cicatrice, oste grandement la rougeur, PARÉ XXIV, 39.Wallon, souweur ; provenç. suzor, suor ; espagn. sudor ; ital. sudore ; du lat. sudorem ; anglo-sax. swât ; anc. haut-allem. sveiz ; sansc. svêdâ.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.