- subtiliser
- (sub-ti-li-zé) v. a.1° Rendre subtil, délié, pénétrant.• Je subtiliserais un morceau de matière [pour en faire l'âme des bêtes], LA FONT. Fabl. x, 1.• Que ne verrions-nous pas, si nous pouvions toujours subtiliser les instruments qui viennent au secours de notre vue trop faible et trop grossière ?, FÉN. Exist. I, 21.• Ces tuyaux introduisent dans la plante un air frais et élastique qui prépare la séve, la subtilise, la colore peut-être, et aide encore à son mouvement, BONNET Contempl. nat. Oeuv. t. VIII, p. 329, dans POUGENS.• Leur suffit-il de subtiliser le corps pour comprendre qu'il est le sujet de la pensée ?, CONDIL. Art de pens. I, 1.Fig.• Ah ! si l'on se donnait la même diligence, Pour extirper le vice et planter la vertu, Que pour subtiliser sa propre intelligence, Et tirer la science Hors du chemin battu !, CORN. Imit. I, 3.• Dans certaines matières abstraites et qu'on affecte encore de subtiliser pour embarrasser la matière, il ne faut pas craindre de répéter ce qui fait la difficulté, BOSSUET 2e écrit, 16.• Raffinez sur tous les plaisirs, subtilisez-les, mettez-les dans le creuset ; de toutes ces transformations, il n'en sortira et résultera jamais que l'ennui, MASS. Pet. carême, Malh. des gr..• Nos poëtes subtilisent et exagèrent le sentiment, STAËL Corinne, VII, 2.2° Familièrement. Attraper, tromper subtilement. Si vous n'y prenez garde, il vous subtilisera.Populairement. Dérober par un tour adroit de la main. On lui a subtilisé sa bourse.• Un homme qui m'a jouée, et qui m'a en quelque sorte.... subtilisée et dérobée à moi-même, LETOURNEUR Trad. de Clarisse Harlowe, Lett. 98.3° V. n. Raffiner, chercher beaucoup de finesse dans une question, dans une affaire.• De quoi vous avisez-vous de subtiliser sur notre acte ?, PATRU Plaidoyers, 6.• Les saints subtilisent pour se trouver criminels, et accusent leurs meilleures actions, PASC. Pensées sur les Provinc. 6, éd. FAUGÈRE..• Il est vrai, ma bonne, que saint Augustin....joue et subtilise sur l'amitié d'une manière qui pourrait ne pas plaire, SÉV. 25 juin 1690.• Malheureusement c'est un garçon qui a de l'esprit : cela fait qu'il subtilise, que son cerveau travaille, MARIV. Serm. indiscr. v, 1.4° Se subtiliser, v. réfl. Devenir plus subtil, plus ténu.• Des portions d'humeur grossière, Quelquefois compagnes du sang, Le suivent dans le coeur, sans pouvoir en passant Se subtiliser de manière Qu'il naisse des esprits...., LA FONT. Quinquina, I.• De même que l'eau, si elle se subtilisait, deviendrait une espèce d'air qui ferait mourir les poissons, FÉN. Exist. I, 14.• Rien n'empêchait [dans le paganisme] que l'on s'imaginât que les parties de la matière qui s'étaient le plus finement subtilisées avaient composé des dieux, puisque celles qui étaient demeurées massives et crasses ne laissaient pas de se convertir en hommes, Anal. de Bayle, t. III, p. 105.Fig. Devenir plus intelligent.• Je vous envoie une petite cravate, tout comme on les porte ; vous verrez par là que, depuis votre départ, le monde ne s'est pas subtilisé, SÉV. 22 avril 1672.XVe s.XVIe s.• Les rayons du soleil subtilisent l'air si fort qu'ils l'enflamment, AMYOT Numa, 17.• D'icelles [fomentations] sort une chaleur et vapeur, laquelle a vertu de subtiliser, attenuer, inciser, resoudre et conforter ladite partie, PARÉ V, 14.• Il subtilisoit [imaginait avec subtilité] mille delais, subterfuges et exoines, Arresta amorum, p. 482, dans LACURNE. Si [les âmes sont] desliées, elle [la doctrine] les purifie volontiers, clarifie et subtilise jusques à exinanition, MONT. IV, 42.Subtil. En place de subtiliser, l'ancienne langue avait soutilier, subtiller.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.