- soucier
- (sou-si-é), je souciais, nous souciions, vous souciiez ; que je soucie, que nous souciions, que vous souciiez, v. a.1° Causer de l'inquiétude.• Penses-tu, lui dit-il [le moucheron au lion], que ton titre de roi Me fasse peur ni me soucie ?, LA FONT. Fabl. II, 9.• Hé ! je crois que cela faiblement vous soucie, MOL. Dépit, IV, 3.2° Se soucier, v. réfl. Avoir de l'inquiétude.• Quand Cupidon, qui me vit pâle et triste, Me dit : pourquoi te soucier ?, J. B. ROUSS. Épigr. I, 7.3° Particulièrement. Avoir souci de, prendre intérêt à.• De vous dire combien de fois on me parla de vous, combien on me demanda de vos nouvelles, combien on me fit de questions sans attendre la réponse ; combien j'en épargnai, combien on s'en souciait peu, combien je m'en souciais encore moins ; vous reconnaîtriez au naturel l'iniqua corte, SÉV. 299.• Des mémoires confus, qu'ils se sont contentés de mettre dans un ordre agréable, sans se trop soucier de la vérité, BOSSUET Hist. I, 7.• Ceux qui se voyaient ruinés n'avaient de ressource que dans les séditions, et en tout cas se souciaient peu que tout pérît après eux, BOSSUET ib. III, 7.• Je n'ai de crédit que pour les choses dont je ne me soucie point, MAINTENON Lett. au D. de Noailles, 13 févr. 1711.• Ce n'est pas qu'ils [les enfants des rois] se soucient des hommes, ni qu'ils craignent, par bonté, de les affliger ; mais c'est que, pour leur propre commodité, ils ne veulent point voir autour d'eux des visages tristes et mécontents, FÉN. Tél. XXIII.• Le soldat, qui ne se souciait ni de son problème ni de sa démonstration [d'Archimède], irrité de ce délai, tire son épée et le tue, ROLLIN Hist. anc. t. X, p. 99, dans POUGENS.• Je ne me soucie point des querelles sur la musique ; je ne songe et je ne songerai, à mon agonie, qu'à la bonne cause, dont il paraît qu'on ne se soucie plus guère, VOLT. Lett. d'Alembert, 22 sept. 1777.• Je dis ce que je pense, et je me soucie fort peu que les autres pensent comme moi, VOLT. Candide, 25.Fig. Je ne me soucie pas qui fera les vignes après ma mort.Ironiquement. Je me soucie bien de cet homme-là ! qu'ai-je besoin de lui ?Se soucier peu de.... est un euphémisme, pour ne se pas soucier du tout.• Maron n'éclaircit pas trop bien Qui des deux est l'Arcadien, Et qui vient de l'Acarnanie, Et Scarron fort peu s'en soucie, SCARR. Virg. v..4° Se soucier de quelqu'un ou de quelque chose, en avoir envie.• Eh ! qui vous dit, monsieur, que l'on ait cette envie, Et que de vous enfin si fort on se soucie ?, MOL. Femm. sav. I, 2.Je ne me soucie pas, il ne me plaît pas, il ne me convient pas.• Et si d'un autre côté vous étiez moins curieuse, vous ne vous soucieriez pas de le savoir, FONTEN. les Mondes, 1er soir..XIIIe s.• Moult a vaillans homs grant vergoigne, Quant il requiert que l'en li doingne, Moult i pense, moult se soussie, Moult a mesaise ainçois qu'il prie, la Rose, 4733.• Il [le marchand] s'en est souciés assés, Ains que cis tas fust amassés, Ne ne cesse de soucier D'accroistre et de monteplier, ib. 5008.XIVe s.• Et que nullement ne desdaignes Ton povre ou petit ennemi... Car il ne fera que veillier, Ymaginer et soucillier Comment de lui grevez saras, MACHAUT p. 116.XVe s.• Le roi de France et son conseil rescripsirent au roi de Castille, que il ne se souciast et ne se doutast en rien, FROISS. II, III, 38.XVIe s.• Ceulx qui cherchent à changer l'estat de nostre police, sans se soucier s'ils l'amenderont, MONT. I, 221.• ... Et ne se soucient point d'endurer tous maulx ceulx qui redoutent d'avoir reproche, AMYOT Agis et Cléom. 33.• Il y a des personnes qui ne se soucient point d'acheter de belles peintures ny de belles statues, ains s'adonnent à achetter affectueusement des monstres en nature, ID. De la curiosité, 17.• François I ne se soucioit à qui cette dignité [l'empire] fust donné, pourveu que ce ne fust à Charles, SLEIDAN f° 16.Génev. se souciller ; du lat. sollicitare, proprement, ébranler, remuer fortement, du lat. archaïque sollus, entier, le même que le grec (voy. solide), et citare, pousser.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRESOUCIER. Ajoutez : - REM. Dans l'Angoumois, soucier a un sens très particulier dont aucune trace ne se trouve à l'historique. Il y signifie abonder, faire de l'effet, avoir de l'importance : cela soucie beaucoup ; cela ne soucie guère. C'est surtout une terme de ménage.
Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré. d'Émile Littré. 1872-1877.